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Citation de sonatem


Beyrouth, le 18 février…
     
Au-dessus de ma tête un grand ciel bleu où la chaleur par d’invisibles failles, se faufile…
Pas un souffle, pas un frémissement de feuilles. Pas un chant d’oiseau, juste un bourdonnement d’abeilles dans les bougainvillées repus de lumière.
L’ombre a déserté la ville.
Soleil rouge, soleil qui saigne la mer.
Grand jour azuré aux rêves maraudeurs…
Byblos, aux pierres creusées par le vent, s’abrite sous l’ombrelle des grenadiers et des lauriers.
Des rires...Un groupe de jeunes filles court dans les ruelles étroites. Des dévoreuses aux sourires d’ange, aux lèvres carminées.
     
Sur les pavés rougis de chaleur, mes pieds brûlent. Je pénètre les ruines chaudes.
Byblos vue de sa citadelle, coule ses longues vertèbres de tuiles vers la mer.
J’avance les yeux dessillés par la lumière crue, je bois le sang des roses trémières.
Byblos bercée d’aubes infinies, ceinturée de songes marins, port de tous les désirs, ouverte, offerte aux caresses de la mer.
Je ferme les yeux...
     
Être immobile, devenir immobilité de la pierre au souffle arrêté dans le silence.
Je reconnais tous les sentiers piqués d’orties, chaque pierre ocrée, l’amphithéâtre fleuri d’abandons, le port aux vagues immobiles.
Je veux pétrir cette terre où sont englouties mes racines, arracher Byblos à la croix de l’azur et au temps suspendu.
Byblos qui s’offre au couperet du soleil, qui dort chaque nuit sous une lune assise entre deux branches de mimosas…
Byblos où je viens pour y perdre ma mémoire…
Le soir est arrivé ouvrant la porte sur l’empire des ruines.
Des étoiles de mer, portées par le ressac, sont venues s’échouer sur ses rives, baignant la nuit d’une lumière corail.
     
Je partage avec toi cette terre où les oiseaux répandent leurs cantiques, où la voie royale de la lune montre le chemin des astres.
Terre d’amour qui dessèche mes lèvres…
Byblos vieille et rose aux miracles du matin, guerrière défiant l’éternité où dort le temps.
     
J’allume les cryptes du silence avec le brasier des mots…
Le soir est parole d’encre.
     
     
pp. 27-29.
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