Qui je suis, quand je suis né, comment et pourquoi ?… Je crois que là n’est pas l’essentiel. On le dira un jour. Ce qui peut compter pour l’instant, c’est en gros mon acte d’écrire. Mon métier d’être dingue sans déconner. J’ai l’impression que nous autres Noirs écrivons par étourderie, parce que notre civilisation, c’est la civilisation de la parole. Également parce que notre vision du monde, c’est d’abord et avant tout une parole. Bref, si l’on me demandait de définir mon écriture par rapport à l’écriture nègre, je dirais ceci : je voudrais qu’en lisant n’importe lequel de mes livres Senghor s’écrie : « Mais c’est cela la négritude, bon sang ! » Simplement parce qu’on ne peut pas arrêter d’être noir.