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Citation de mamansand72


Épouvantable compétition. Chamaillerie désespérée. Affreuses ruses pour ne pas laisser entrer dans notre être la réalité de ta mort. Réflexes mesquins de séparation, d’adversité, de coupure ; comme si nous livrer à ces petites guerres allait nous tenir hors de la grande tragédie. On se volait dans les plumes comme des vautours autour de ton cadavre – charcuterie, barbarie. On s’agitait dans un cyclone de haine pour faire digue contre l’effroi qui noyait nos vies à la vitesse d’un raz-de-marée. Et puis j’ai senti qu’il valait mieux céder, se laisser entièrement dévaster. Surtout, je crois, j’ai eu le sentiment qu’on était en train de t’insulter, que nous aboyer dessus dans un centième bocal de haine atomique, comme tu les détestais tellement, était une salissure pour le début de ta demeurance, de ton outre-vie ; que se broyer à plaisir te rendait soluble dans les débris du couple. La vie assassinée, oui, mais pas la vie dégradée par notre propre laideur. Alors on s’est regardés. Très loin au fond des yeux de l’autre on t’a enfin vue passer, ange, colombe. Le vrai ravage c’est toi, toi qui n’es plus là. Trois c’est 2 + 1, maintenant c’est 2 – 1. Tu butinais de l’un à l’autre, tu faisais la valeur d’équilibre, le fléau de la balance. Maintenant c’est le fléau tout court, et c’est le vide qui doit faire l’équilibre. Je crois qu’à ce moment-là, secrètement, silencieusement, assis sur nos tabourets de cuisine, on s’est juré de ne plus jamais s’entre-dévorer comme ça.
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