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Critiques de Sophie Djigo (5)
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Sécession

Un quartier dit "sensible" comme il en existe tant en France ... La mort récente d'un jeune abattu par la police, comme cela arrive trop souvent ... L'autrice prend le quartier de l'Alma à Roubaix comme toile de fond pour nous dévoiler une jolie histoire utopique, pleine d'espoir et d'optimisme.

Trop, me direz-vous? Pas forcément, car elle démontre que grâce aux liens sociaux retissés dans le quartier par leur tentative de sécession et de gestion collaborative du quotidien, les habitants retrouvent la parole, redécouvrent le dialogue et les richesses culturelles de leur quartier. Ils passent du temps ensemble, échangent et partagent repas et activités.

Je pense aussi qu'ils se rendent compte qu'ils ont des raisons de relever la tête et de se sentir fiers de ce qu'ils sont et de ce qu'ils arrivent à mettre en place, sans aide ni assistance extérieure.

Loin d'être manichéenne, l'autrice nous présente des personnages attachants, luttant avec leurs propres contradictions, comme Lilla, Agathe ou encore Nathan (je crois en son évolution positive!).

Pas réellement tendre avec les élus politiques présentés, on comprend facilement le point de vue de l'autrice qui les présente comme très distants de la réalité du terrain et peu à même de comprendre le mépris, le rejet et l'exclusion subis par ces habitants.

Merci à Masse Critique et aux éditions Les étaques pour cette très bonne lecture.
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Sécession

Merci à Babelio et aux éditions Les étaques pour ce roman reçu dans le cadre d’une opération Masse Critique.

Tout d’abord un mot de l’objet : un papier blanc et une mise en page aérée agréables, une texture de papier douce. La couverture est de Nébuleuz et illustre parfaitement le contenu : des maisons étroites mais d’où débordent les couleurs et un ciel d’artifice.

Je m’attendais à une écriture quelque peu documentaire étant donné le sujet et le parcours de l’autrice. C’est le cas, mais la plume de Sophie Djigo est si limpide et légère que ça ne cause aucune difficulté.

Les états d’âme d’Agathe au début font si vrais qu’ils semblent être autobiographiques. De même pour les autres personnages, habitants du quartier : leurs propos semblent issus d’entretiens sur le terrain. Il y a quelque chose qui sonne extrêmement juste. Les remerciements, à la fin, ont confirmé cette impression.

Écoutant une émission dans laquelle Michel Kokoreff, sociologue, auteur de « La Diagonale de la rage, une histoire de la contestation sociale en France des années 70 à nos jours », intervenait, je l’ai entendu faire la même constatation que les personnages de Djigo : lors des émeutes des quartiers, on n’a pas donné la parole aux principaux intéressés.

Loin du cliché du grand soir, Sophie Djigo montre la difficulté à agir, à trouver les bonnes actions, à mêler les idéaux et les actes, ainsi qu’à articuler politique et institution avec engagement personnel.

J’ai apprécié aussi que l’impulsion vienne des plus jeunes. Ces lycéens, voire collégiens, qui n’hésitent pas à s’engager, mais que l’on raille dans les médias en leur disant qu’ils ne savent rien, alors qu’ils sont aux premières loges de l’ostracisme, du racisme, des conséquences du dérèglement climatique, etc.

Sophie Djigo n’hésite pas non plus à aborder la question du port du voile. Sans préjugé et sans imposer son propre point de vue, elle traite le sujet à travers, notamment, le personnage de Lilla de façon sobre et ouverte.

De même, elle aborde le thème de l’extrême-droite, le racisme politisé, sans juger – ou du moins sans juger celles et ceux qui tombent dans cet extrémisme, séduits plus par l’esprit communautaire qui leur est vendu que par le racisme aveugle. Elle montre que l’embrigadement dans cette voie repose sur les mêmes sentiments d’injustice et de peur que ceux qui poussent à la révolte dans les quartiers à l’abandon ou qui amènent certains vers d’autres extrêmes tout aussi violents.

Sophie Djigo rappelle le passé des luttes solidaires des habitants de Roubaix, un récit positif nécessaire. Je me souviens avoir lu un livre scolaire du début du XXè siècle intitulé « Histoires de Flandre et d’Artois » écrit par A. de Saint-Léger et F. Lennel. D’un seul coup, la honte d’appartenir à une région à laquelle on associe la pauvreté sociale et culturelle, l’alcoolisme et j’en passe, est devenue fierté quand le récit négatif a été remplacé par celui d’une région aux terres riches, aux marchands audacieux et aux villes fortes, capables de faire plier des rois. Si on enseignait l’histoire locale en primaire plutôt que l’histoire nationale et internationale (même si les trois sont liées), peut-être se sentirait-on plus concerné par son territoire. Mais c’est un autre débat. Quoi qu’il en soit, le récit des anciennes luttes de Roubaix rappelle que ce n’est pas qu’une ville aux quartiers dits « sensibles », c’est une ville dont les habitants ont le même formidable appétit de vivre et la même envie d’être maîtres de leur destin que n’importe quels autres habitants en France et dans le monde.

D’ailleurs, la lutte – les luttes roubaisiennes s’inscrivent, s’inspirent, inspirent d’autres luttes à travers le monde. Encore une fois, le quartier de l’Alma n’est pas replié sur lui-même, mais relié à d’autres villes du monde.

Enfin Sophie Djigo rappelle avec cruauté que l’abandon de ces quartiers et leur interdiction tacite à expérimenter en-dehors des sentiers (trop) battus sont la source de leur embourbement et de bien d’autres malheurs.

Le bémol vient de la minimisation, ai-je eu l’impression, et ce n’est peut-être qu’à cause de mes préjugés, des disfonctionnements : les femmes souvent reléguées à un rôle subalterne et dit « féminin », même dans la révolte, comme la cuisine et la garde des enfants ; le trafic de stupéfiants, présent dans le roman mais périphérique ; ainsi que de nombreux autres, évoqués mais peu traités. D’un autre côté, ce roman se voulait, si ce n’est optimiste, du moins positif. Et c’est une réussite, car il offre un autre regard sur ce type de quartier et surtout de nombreuses pistes de réflexions sur les origines des difficultés de ces quartiers.

La plume de Sophie Djigo est claire et efficace. Un seul trait m’a agacée, les yeux des personnages « parlent » trop : une lumière comme si, tel sentiment qui passe, les yeux qui brillent de telle émotion. C’était trop récurent.

Au final, un roman qui peut se lire dès l’adolescence, positif, intéressant et qui ne peut pas laisser indifférent.
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Sécession

A travers ce premier roman, Sophie Djigo nous invite à suivre le déroulé d'une expérience anarchiste à l'échelle d'un quartier.

Un choix d'autant plus osé et intéressant qu'il n'a pas pour cadre la commune de Paris ou la guerre d'Espagne mais un quartier populaire de Roubaix (celui de l'Alma) de nos jours.

Voilà de quoi éveiller l'intérêt, mais qu'en reste-t-il après lecture ?

Un style aéré, une intrigue rondement menée où s'intègre très bien la présentation des personnages avec une nette référence aux entretiens des études sociologiques.



J'ai particulièrement apprécié, le choix du sujet principal, la nuance apportée au traitement des autres thèmes (discrimination, port du voile, réaction identitaire ...), comment des parcours et ressentis très similaires placent malgré tout certains protagonistes dans des camps radicalement opposés et l'absurdité qui en découle.



J'ai eu plus de mal avec le traitement des décideurs politiques, le maire et le ministre, un peu trop simple et caricatural, eux aussi sont des personnages complexes avec leurs contraintes et ambiguïtés, ils auraient vraiment eu leur place dans la liste des destins croisés.

Ici ils sont un peu trop bêtes et méchants à mon goût, ce qui amène une réaction des pouvoirs publics peu crédible et une fin décevante.

Anar ou réact, on veut tous savoir ce que peut donner ce genre d'expérience sur le long terme.



En conclusion, je dirais que malgré ses imperfections, Sécession mérite vraiment le détour, des barricades à Roubaix, il faut voir ça !
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Des philosophes sur le terrain

On ne choisit pas toujours d’aller sur le terrain, mais on choisit d’y rester, voire d’y retourner. Quatre philosophes partagent leur expérience de terrain et rendent compte de son rôle dans leur réflexion philosophique.
Lien : https://laviedesidees.fr/Enq..
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Aux frontières de la démocratie

Ce livre retranscrit le parcours de personnes étrangères sur notre territoire gouverné sciemment par une politique de perdition. L'auteur , qui a accueilli ces personnes de passage , partage avec nous leur courage face à ces obstacles mis devant eux, que nous avons peine à imaginer, dans notre confort de nantis. Mais dépeignant les parcours de ces populations, l'ignonimie des forces de police mandatée par le pouvoir en place, elle décrit aussi en creux un accueil possible. Et "en vrai", c'est cela l'important : mettre en mots autant qu'en actes la possibilité d'un vivre ensemble , beaucoup plus simple et naturelle qu'on voudrait nous le faire croire. Merci à l'auteur.
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