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Citation de Toocha


J'étais seul en cellule. Aidan avait été transféré à l'administration pour apprendre la mort de sa sœur, tuée dans un incendie. Habituellement, Popeye se tenait sur le seuil. Cette fois, il est entré. Il est resté au milieu de la pièce, à l'écart des murs souillés. Il a posé ma gamelle sur mon matelas.
- Même les animaux ne vivent pas comme ça.
J'ai répété nos revendications. J'ai scandé nos slogans. Et je m'en suis voulu. Il me parlait en homme, je répondais en automate. Son collègue attendait dans le couloir, Popeye chuchotait à mots prudents. Il m'a dit que tout le monde se fichait de notre crasse, que les Britanniques nous laisseraient comme ça pendant mille ans, s'il le fallait. Il m'a dit qu'à part dans nos quartiers, dans le cercle isolé des républicains irlandais, le monde n'avait pas un regard pour nous.
- Ça fait quatre ans. Quatre ans, tu te rends compte ? Et regarde où vous en êtes. C'est toi qui vis dans la merde, Meehan, pas Margaret Thatcher.
Souvent les matons se foutaient de lui. Alors les prisonniers prenaient sa défense. Certains d'entre nous pensaient que sa compassion était une manœuvre, la tactique du gentil et du méchant gardien. Mais un soir, alors qu'Aidan pleurait sa sœur, Popeye lui a proposé de passer une lettre à sa famille. Il lui a fait promettre que ce ne serait pas politique. Un mot de deuil, le réconfort d'un fils à ses parents. Et Aidan a accepté. Pour les deux hommes, c'était un acte insensé, criminel, au regard des règles de la prison.
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