On appelait autrefois cette ville (Le Caire) le grand pressoir de l'amour, car il y vivait quantité d'éphèbes et de vierges orientales, d'aventuriers, d'amants enflammés au sang chaud, de riches célibataires et de détenteurs du pouvoir obsédés par la perfection des jeunes corps, d'amants clandestins indolents, ralentis par le vin et le hasch, qui faisaient l'amour entrelacés pendant des heures, écoutant le déferlement des vagues et le vent qui semblait renifler les cimes des platanes comme l'aurait fait un chien en y fourrant son museau.
Telle est la représentation exotique, le rêve orientaliste dont Edward Saïd a dit qu'il correspondait à un monde de faux-semblants de l'élite culturelle coloniale.