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Citation de Kthulhu


Elle, donna Cristina, s’y était toujours connue en onguents et médicaments à base de fère : elle s’y était toujours connue, et sans que personne ne le lui ait jamais appris, mais seulement parce qu’elle y était portée par nature, de même qu’elle était portée par nature à faire la matrone, disons l’accoucheuse, ou à préparer les morts. Pour elle, la fère, de la première à la dernière arête, de la pointe du bec à la queue, était toute une pharmacie : chaque fois qu’elle pouvait disposer de quelque morceau pour faire des expériences avec, comme un pharmacien, elle inventait, avec telle ou telle partie de la fère, tout et n’importe quel médicament, du stomatique au fortifiant, du purgatif au désinfectant, de la décoction dépurative à l’infusion pour les compresses et les pansements contre la suppuration ; elle inventait de l’huile de ricin au liniment Sloan, de l’huile de foie de morue à la teinture d’iode, pour ne parler que des plus courants et à portée de main. La fère, elle la tranchait, la coupaillait, la brûlait, la mélangeait, la triturait, la distillait, bref pour elle la fère était un corps miraculeux, une trouvaille : aussi guérisseuse morte que, vivante, elle était mortifère : c’était ça l’idée de donna Cristina. D’après elle, dans la fère, si on savait où mettre les mains, on pouvait trouver remède à tous les maux, exactement comme dans les bouteilles, flacons et ampoules d’une pharmacie : à l’exception de la quinine d’État, non qu’elle doutât, à force de faire des expériences, de trouver aussi dans la fère l’équivalent de la quinine, mais beaucoup plus sûrement parce que la quinine était un monopole gouvernemental et qu’on ne la vendait pas dans les pharmacies, mais dans les tabacs, dans les régies de l’État, et qu’elle n’aurait jamais osé la contrefaire.
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