AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ninie067


Paris, le 6 décembre 1846


LA SALLE FAVART DE L’OPÉRA-COMIQUE ÉTAIT COMBLE, ce soir-là, et malgré ses dorures, elle évoquait une volière ; elle était pleine à craquer de la meilleure société parisienne, semblable d’aspect aux charmants colibris, mais dont le jacassement la rapprochait plutôt des pies. On y donnait la première de la Damnation de Faust, de Berlioz. Néanmoins, avant que les lumières s’éteignent et que le rideau se lève sur la « légende dramatique » du grand compositeur, le public attendait le début d’un autre spectacle, tout aussi intéressant.

Soudain, les bavardages cessèrent et tous les regards se braquèrent sur une loge jusque-là demeurée vide, à droite de la scène : nobles dames et gentilshommes retinrent littéralement leur souffle lorsqu’une jeune femme fort élégante y pénétra et y prit place, aidée par un valet de pied. À la toute dernière mode, elle portait une robe en soie d’un rouge profond, qui mettait en valeur sa chevelure d’un beau brun brillant, presque noire, tandis qu’un fin châle indien glissait sur ses épaules dénudées. Sa nuque gracieuse était ornée d’un collier de perles à triple rangée, attaché par un fermoir en or piqué de diamants. Deux solitaires aussi gros que des œufs de caille brillaient à ses oreilles. Elle était seule, son compagnon, qui se trouvait être le propriétaire de la loge, étant absent ce soir-là ; cependant, tout le monde savait qui il était et, par extrapolation, connaissait aussi la profession de la belle jeune femme. Elle affichait une assurance confondante, parfaitement à son aise dans sa toilette raffinée agrémentée de bijoux d’un luxe tapageur. Mais il se murmurait aussi dans l’assemblée que rien n’égalait son arrogance.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}