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Citation de araucaria


"De la nature" n'est pas une lecture facile. Le poème est composé de sept mille quatre cents hexamètres non rimés, la forme choisie par les poètes latins Virgile et Ovide, lesquels imitaient Homère. Divisé en six livres dépourvus de titres, il alterne des passages d'une impressionnante beauté lyrique avec des méditations philosophiques sur la religion, le plaisir et la mort, des réflexions complexes sur le monde physique, l'évolution des sociétés humaines, les dangers et les joies du sexe, et la nature de la maladie. La langue est souvent difficile, la syntaxe complexe, et l'ambition intellectuelle considérable.
Il en fallait davantage pour décourager le Pogge et ses savants amis. Ces hommes maîtrisaient parfaitement le latin, ils étaient prêts à résoudre toutes sortes d'énigmes textuelles et s'aventuraient avec plaisir et curiosité dans les arcanes plus impénétrables encore de la théologie patrisque. Un unique coup d'oeil aux premières pages du manuscrit de Lucrèce suffit sûrement à convaincre le Pogge qu'il avait découvert un ouvrage remarquable.
Mais sans doute ne comprit-il alors que cette oeuvre menaçait tout son univers mental. S'il avait perçu la menace, il aurait peut-être remis le poème en circulation malgré tout : retrouver les traces perdues du monde antique était son but suprême, le seul principe - ou presque - qui échappât à la désillusion et au rire cynique. Ce faisant, il aurait pu prononcer ces mots murmurés par Freud, dit-on, à l'oreille de Jung, alors qu'ils pénétraient dans le port de New York pour recevoir l'accolade de leurs admirateurs américains : "Ne savent-ils pas que nous leur apportons la peste?"
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