Une petite histoire ne lui ferait pas de mal, cela faisait longtemps... Elle pensait « petite histoire », n'osant plus penser « grande histoire », les cycles ne lui ayant apporté que des hommes instables, parfois dominateurs voire violents, ou au contraire totalement soumis. Elle savait très bien qu'elle ne pourrait construire une relation qu'avec un homme à la fois affirmé et doux, et surtout libre d'esprit, ce qui réduisait considérablement les possibilités, et encore sans évoquer la question des affinités physiques...
C'est tout de même une bien jolie civilisation que la notre, où s'exprimer est un crime passible des mêmes peines que celles qu'encourent les violeurs, et les assassins...
« Parler d'amour comme ça, ça ne peut être qu'une nana. Les mecs, l'amour, ils s'en tamponnent, crois-moi ma fille ! »
Le hurlement n'avait rien d'un rire hystérique, mais résonnait plutôt comme un appel au secours vif et angoissant.
Tous les invités se précipitèrent vers la porte, pour rejoindre la salle d'où provenait le cri.
Ils découvrirent alors, stupéfaits, que le portrait grandeur nature de DDG, peint par l'immense artiste Lucia Ordiana, ornant le mur de la grande salle à manger, avait été tagué en vert, de l'inscription suivante :
ANA TE DÉTRUIRA
« Moi je dis que décidément seules les nanas sont capables de mener des opérations de grande envergure : nous, vous... »