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Citation de filledepapiers


C’ÉTAIT LE MOMENT DE LA JOURNÉE OÙ JE REGRETTAIS PLUS que jamais de ne pouvoir dormir.
Le lycée.
Le mot « purgatoire » aurait-il été plus approprié ? Si mes péchés avaient été expiables, ces heures assommantes auraient dû être portées, en partie au moins, au bénéfice de ma rédemption. Je ne m’habituais pas à l’ennui, et chaque jour semblait plus monotone que le précédent. Quoique… cette épreuve recouvrait peut-être le genre de sommeil qui m’était dévolu, pour peu qu’on considère le sommeil comme un état d’inertie totale entre deux périodes d’activité.
Je contemplais les fissures qui défiguraient le mur du coin le plus reculé de la cafétéria, y décelais des images qui ne devaient qu’à mon imagination. C’était une façon d’étouffer les voix qui bruissaient à l’intérieur de mon crâne, pareilles au fracas d’un torrent.
Des centaines de voix que j’ignorais tant elles me lassaient.
L’esprit des hommes n’avait plus de secrets pour moi – j’en avais trop entendu. Aujourd’hui, tous s’activaient autour d’une broutille : l’ajout d’un nouvel élément à la maigre communauté lycéenne. Il en fallait bien peu pour les occuper, et ils ne s’étaient pas privés de me donner de multiples aperçus du visage de la recrue, sous tous ses angles. Rien qu’une humaine banale. L’agitation que provoquait cette arrivée était douloureusement prévisible, on aurait obtenu la même réaction en brandissant un hochet sous les yeux d’une bande de très jeunes enfants. La moitié des garçons, tels des moutons de Panurge, se voyaient déjà épris d’elle, juste parce qu’elle avait l’attrait de l’inédit. Je redoublai d’efforts pour tenter d’effacer leurs réflexions.
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