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Critiques de Stewart Brand (2)
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How Buildings Learn

Excellent livre de Stewart Brand qui gagnerait à être connu du public Français, j’opère donc un « avis ».



Brand s’intéresse au temps et à ses effets. Il nous invite à une analogie répandue : un bâtiment c’est vivant : il naît, il vit, parfois il apprend et souvent il meurt. Le livre est une fine analyse des différents types d’existences du bâti et répond à quelques questions importantes. Pourquoi la durée de vie moyenne d’un bâtiment est souvent inférieure à celle d’un être humain? Comment se fait-il que l’âge d’un bâtiment est un facteur déterminant dans l’amour que nous lui portons?



L’exposé m’a convaincu par une foule d’exemples tirés de l’architecture Occidentale, particulièrement Anglaise et Américaine, l’auteur met en regard des constructions à différents stades de leurs vies. Brand maitrise son sujet il a parlé aux architectes, aux constructeurs, aux mainteneurs, aux habitants, aux propriétaires, aux entrepreneurs pour comprendre qu’est ce qui fait qu’un bâtiment réussi parfois à s’anoblir dans son vieillissement et pourquoi cela arrive si rarement



C’est clair, c’est concis ET dense dans le nombre de bonnes idées à prendre, mais c’est aussi un vrai beau livre avec beaucoup de photos et des plans qui servent le fond de manière had hoc. Le livre est une illustration méta du propos de l’auteur avec son design intemporel : le fond la forme la fonction il a bien compris et il le prouve, son livre est un essai de 30 ans qui n’a pas pris une ride.



Pour les pressés, le livre a donné une mini série avec Brian Eno en fond sonore qui est sur Youtube.
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L'horloge du long maintenant : L'ordinateur..

Quel rapport entre Daniel Hillis et Brian Eno ? Quelle étrange projet lie ce brillant ingénieur issu du MIT qui a propulsé le calcul informatique à des vitesses inouïes et cette rock star internationale devenue adepte des musiques d’aéroport saturée d’éternité? Réponse ; The Clock of the Long Now, l’Horloge du Long Maintenant. Daniel Hillis a créé le concept ; Brian Eno lui a trouvé son nom et Steward Brand, l’auteur de ce livre, en est l’évangéliste. Il préside une fondation dont le projet est de construire l’horloge la plus lente du monde qui avancera d’un cran chaque année, sonnera une fois par siècle et dont le coucou sortira à chaque nouveau millénaire.



Le Moyen-Âge européen avait placé le beffroi au cœur de la Cité ; on assistait alors à la naissance de ce qu’on n’appelait pas encore le capitalisme. Ce beffroi, souvent indépendant dans les villes du nord, était le plus souvent clocher d’église mais il dominait toujours la halle centrale et la place du marché. Véritable cœur de la ville, il rythmait l’économie.

Mais depuis longtemps la lourde horloge d'antan s'est faite menue; devenue montre elle se porte au poignet telle un fer. La miniaturisation de l’électronique - désormais à l’échelle microscopique - arrivera-t-elle à nous faire oublier que les horloges qui règlent désormais l’activité humaine se sont disséminées dans notre environnement en milliards de petits quartz piézoélectriques qui rythment le travail des microprocesseurs et à travers eux, rythment notre propre travail, notre pain quotidien. Les modes de production ainsi que les modes de consommation s’accélèrent avec une montée en puissance technologique inédite. Jusqu’à quelle limite ultime la fameuse « loi de Moore » qui a prédit sans faille depuis 1965 l’accroissement exponentiel de la puissance de calcul de microprocesseurs (doublement annuel) va-t-elle continuer à mettre en tension le temps humain et le temps technologique ? Y-a-t'il une limite?



Les concepteurs de l’Horloge du Long Maintenant l'affirment: cette limite existe mais ce n’est celle qu’on croit – celle qui interdit toute miniaturisation au-delà de l'échelle d'un seul atome ; nous n'y sommes pas encore. La limite en question est humaine et elle est imminente ; elle porte un nom ; Singularité. Le concept est emprunté à l’astrophysique (on le connait mieux sous le nom de Trou noir) ; dans ce contexte, il désigne ce point de non-retour de l’évolution technologique où celle-ci ne procèdera plus de l’activité humaine mais de celle de machines autonomes avec tous le risque de voir l’humanité perdre la maîtrise de son destin.



Tel est le diagnostic. La Long Now Foundation propose un remède pour offrir à l’humanité un instrument de redécouverte du « bon usage de la lenteur » si chère à Pierre Sansot (qu’une telle idée aurait laissé pantois). Responsabiliser les consciences devant le temps lent, celui des générations qui s’engendrent au fil des siècles, celui des cultures qui mutent au fil des millénaires, celui des continents qui dérivent sur les millions d’années. Pour garder la « mesure de l’homme » selon l’expression consacrée du credo humaniste, la Fondation du Long Maintenant s’est donné pour mission de construire une horloge monumentale, à l’instar du beffroi de jadis. Mais quand celui-ci battait le rythme du marché et de la satisfaction des besoins immédiats, l’Horloge du Long Maintenant voudrait donner le pouls lent de l'écologie, de la responsabilité collective dans le long terme.



Autant la connaissance scientifique nous avait rendus capables d’appréhender le temps long avec la géologie et l’astrophysique ; autant nous n’avons jamais su nous approprier ces échelles dans l’intimité de notre sentiment individuel des choses. Enfin, il n'est pas anodin que les concepteurs du projet aient voulu associer à l'horloge une bibliothèque comme autrefois, la grande halle l'était au beffroi de la ville; les échanges matériels laissent la place aux échanges intellectuels. C’est ici que s’affirme le plus clairement l’identification des promoteurs du projet avec les humanistes de la Renaissance. Et comme au temps des Borgia et des Medicis, l’argent de riches bienfaiteurs comme Jef Bezos (Amazon) ou Warren Buffet à beaucoup aidé à l’avancement de ce projet au demeurant assez somptuaire (http://longnow.org/clock).

Plusieurs horloges du Long Maintenant seront construites. L’une a déjà été bâtie dans une montagne au milieu d’un désert texan. D’autres sont en chantier pour être installée dans des villes. Ce livre raconte l’histoire et la philosophie de ce projet étonnant, quasi religieux, mégalomaniaque peut-être mais qui est sans aucun doute l'expression d'une culture nord-américaine dans toute sa paradoxale singularité nourrie d’universalisme.
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