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4/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Uruguay
Né(e) à : Montevideo , le 19/07/906
Mort(e) à : Rio de Janeiro , le 11/01/1959
Biographie :

Susana Soca est une poétesse et mécène uruguayenne.

Elle est la fille unique de Francisco Soca, un médecin uruguayen très réputé. Son père a soutenu sa thèse à Paris en 1888, sous le patronage de Jean-Martin Charcot.

En 1938, elle s’installe à Paris, déployant ses doubles activités d’éditrice et de mécène. Elle demeurera durant toute la guerre et n'en repartira qu'en 1948.

Elle y rencontre de nombreux poètes et écrivains et est l'amie du couple Eluard. Elle crée en 1947 la revue "Les cahiers de la Licorne" (ou La Licorne) dont Roger Cailois (1913-1978) devient le directeur.

Elle a publié trois numéros à Paris au printemps 1947, à l'automne 1948 et à l'hiver 1948. À Montevideo, elle poursuit la revue sous le nom de "Entregas de la Licorne", en 1953.

S’intéressant davantage aux œuvres des autres qu’à ses propres écrits (essentiellement des poèmes, publiés après sa mort), elle fait connaître en Occident l’œuvre de Boris Pasternak ayant pour cela spécialement fait le voyage en Russie. C’est d’ailleurs elle qui organise dans la capitale uruguayenne la première exposition rétrospective du peintre français d’origine russe Nicolas de Stael.

Pablo Picasso fait son portrait en hommage à la générosité qu’elle a déployée vis-à-vis des artistes espagnols réfugiés en France.

De retour en Uruguay le vol de la Lufthansa dans lequel elle voyageait glisse sur la piste de l'aéroport de Rio de Janeiro et prend feu.

Le numéro 16 de sa revue, paru en 1961, lui est consacré et de nombreux textes lui rendent hommage, dont "Elle n’était pas d’ici" d’Emil Cioran.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
JARDINS HUMIDES
 
La calme intimité
Avec le repos des lentes feuilles
Il faudra que la secoue
L'étonnement profond d'une nuit imprévue
L'ambre des lunes effilées
Sur l'étroite cime des pins
Est plus légère encore.
 
Bien que l'air ne tremble plus et la buée
Arrondit à peine les feuilles aiguës,
Des rivières de senteurs disparues
Coulent sur les plantes
Dans un débordement de parfums opposés
Et tandis que la peau de l'orange
Va perdant son âpreté
C'est comme si renaissait la vaste fleur de Décembre
Et grâce à elle devenait blanc.
 
Le nom de la violence
Qui sautait des massifs aux confessionnaux
Et brûlait comme un cierge dans les crèches
Jusqu'à devenir de la neige jaunissante.
 
Et fondue dans l'opaque
La neige qui neigera
Du jardin d'Épiphanie
Longuement se consumera.
 
C'est comme si renaissait
L'adolescence de l'aigre glycine
Comme nulle autre sèche et dévorante
Des résines et des menthes agiles
Nous accableront de leur humidité capiteuse
Nous touchons parmi des stupeurs
Cette tiédeur épuisante
Maîtresse de tenaces langueurs
Quand ce qui a été désintégré
Revient et agite l'air sans mouvement
Où le front du dahlia
Se penche haut comme une flamme dans un globe de verre.
 
Des souffles de corolles fermées
Embuent les plantes lisses
Dans les jardins luisants humides comme des yeux
Qu'une nouvelle substance d'éclairs et d'eaux
Fait trembler et lentement lave.
 
 
Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Jules Supervielle
pp. 75-76
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TEMPS DE LA RÉSINE
I
DEVANT les pins
je reviens à l'odeur de la résine ancienne
à sa secrète myrrhe enflammée sur les lèvres.
Mais entre la résine qu'en l'air je bois déjà
devant les pins,
et le parfum tombé au fond de ma mémoire
et jamais répandu, il y a un sentier court.
Et le rêve présent ne peut le traverser
par cent rêves d'absence en vain déjà rêvé.
     
Ici s'unit la lèvre à son herbe lointaine
la résine vivante avec mon désir
de la sentir encore, lui qui tenait à peine
dans la nuit rétrécie, dans la nuit sans espace
pour l'air pour les visages et pour les feuilles.
     
Là je suis la résine transverbérée et agile
au lieu où un soleil caché rayonne et brûle
un vin inépuisable, là nous buvons
l'odeur du frais feuillage et sa propre flamme
comme s'ils marchaient de concert dans la racine
d'un pin adolescent
Et la résine avance confondue
dans le vent de la mer par elle plus léger
comme aussi une fois l'air des lèvres
dans l'air de lèvres autres, une fois seulement.
     
II
Je cherche la saveur ancienne des feuilles
qui cent fois goûtée
ceignait le jeune cou, et tiède comme l'ambre
de nouveau surprenait.
   
Je reviens au bosquet
et au lieu de mes pas c'est le parfum qui marche
qui le transporte et l'abandonne entier
de plus en plus secret, et peut-être à minuit
rallume entre les pierres le silence.
Je le trouverais au plus obscur d'un pin qui ne brille pas
s'ils étreignaient mon ombre les étés non vus
auxquels je parvenais à tâtons et sans moi.
   
Quelqu'un m'a laissée seule face aux feuilles
comme face à une mort qui ne fut pas la mienne
et j'ai commencé à marcher cherchant de nouveaux noms
pour ces mêmes feuilles.
   
Si j'aspirais en elles de nouveau
le plaisir innocent et la mélancolie ;
si j'aspirais en elles
d'une violente vie les morts anticipées,
j'approcherais de la résine vive.
   
Mais moi je suis debout
sur le sentier court et que barre
un tronc fané comme une vieille soie,
sans parvenir aux feuilles.


     
TIEMPO DE LA RESINA
I
DELANTE de los pinos
Vuelvo al olor de la resina antigua
A su secreta mirra encendida en los labios.
Pero entre la resina que en el aire ya bebo
delante de los pinos,
y el perfume caído en la memoria mía
y nunca derramado, hay un sendero corto.
No lo puede cruzar este presente sueño
Por cien sueños de ausencia en vano ya soñado.

Aquí la unión del labio y su lejana hierba
De la resina viva y mi deseo
de sentirla de nuevo, el que apenas cabía
en la encogida noche, la noche sin espacio
para el aire las caras y las hojas.

Ya sigo la resina transverberada y ágil
adonde un sol oculto irradia y quema
inagotable vino, allí bebemos
el olor del follaje fresco y su propia llama
como si caminaran juntos en la raíz
de un pino adolescente.
Avanza la resina confundida
en el viento del mar por ella aligerado,
Como una vez el aire de los labios
en aire de otros labios, una vez nada más.
     
II
Busco el sabor antiguo de las hojas
que cien veces gustado
rodeaba al cuello joven, y tibio como el ámbar
de nuevo sorprendía.

Regreso a la arboleda
y el perfume camina en lugar de mis pasos
y la transporta y la abandona entera
cada vez más secreto, acaso a medianoche
entre las piedras vuelve a encender el silencio.
Lo hallaría en lo oscuro de un pino que no brilla
si estrecharan mi sombra los veranos no vistos
a los cuales llegaba a tientas y sin mí.

Alguien me dejó sola delante de las hojas
como delante de una muerte que no fue mía
y empecé a caminar buscando nuevos nombres
para las mismas hojas.

Si respirara en ellas nuevamente
la inocencia del gozo y la melancolía;
si respirara en ellas
de una violenta vida anticipadas muertes,
me acercaría a la resina viva.

Pero yo estoy de pie
en el sendero corto atravesado
por un tronco marchito como una vieja seda,
sin llegar a las hojas.
     
     
'Dans un Pays de la Mémoire' - 'Temps de Retour'
'En un País de la Memoria' - 'Tiempo de Volver' [Edición La Licorne, Montevideo, 1959]
     
Traduction de l'espagnol (Uruguay) par Yves Aguila & Nadine Ly | pp. 68-73
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Se perdre au fil de la complexe mélodie
Lui plut; et du poème, univers curieux.
Avec un lent amour, elle suivait des yeux
L’aventure parfois du soir qui s’incendie.

On lui connut de délicates passions:
La limite, le choix différé, le scrupule.
Non le rouge foncier, mais le gris qui module
Tissait sa vie experte en hésitations.

Elle suivait de loin, sans désir et sans crainte,
Les formes du présent, la course, le fracas;
Telle la dame au fond de son miroir, ses pas

Jamais n’entrèrent au perplexe labyrinthe,
Un dieu la dévora que nul ne prie – un dieu
Qu’on pourrait nommer Tigre et qui se nomme Feu.
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