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Bibliographie de Suzanne Maisonhaute   (2)Voir plus

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
CHAPITRE 1er
... Des graviers m’éclaboussent le visage lorsque je remarque, coincé entre le mur et l’escalier, comme l’angle d’une enveloppe. J’ai du mal à l’attraper.... Oui, c’est bien une enveloppe, une enveloppe bleu délavé avec un timbre à 15 francs, la Marianne de Muller. A l’intérieur, il y a une lettre, une lettre datée du 12 avril 1955. A l’époque j’avais tout juste 5 ans.
Voyons, le destinataire… Mademoiselle Emilie, 6 rue des lilas. Serait-ce une lettre d’amour ?

Petite Emilie chérie,
Voici le mot attendu qui t’indiquera qu’une fois de plus je suis arrivé sans anicroche. Le voyage toutefois fut pénible et j’en suis vraiment aujourd’hui encore tout exténué… Il me sembla que jamais je ne verrai la fin de cette journée qui me permettrait enfin de me reposer, de dormir. Je suis quand même arrivé intact, c’est bien là l’essentiel.
Je dois mettre la dernière main à mon devoir d’harmonie.
Voilà, petite Emilie chérie, les premiers échos de mon arrivée ici.
Je t’écris, cher moment quotidien que je ne veux pas manquer, ne serait-ce que pour te dire simplement : Je t’aime.
Maxime.

Je suis très émue et, rêveuse, je reviens sur le lieu de ma découverte. 1955 ! Ces jeunes amoureux pouvaient avoir 20 ans, aujourd'hui ils en ont 70 ! Sont-ils encore en vie ? Se sont-ils mariés ? Ont-ils été heureux ? Qui sont-ils ? Où sont-ils ?

Soudain, mon cœur bascule ! il y a une seconde lettre…


CHAPITRE 2
… Une gracieuse femme, grande et sèche, au visage terne, s’approche de moi, un bébé dans les bras : « Tiens ! Emmène-le avec toi. » me dit-elle. Je reste interdite un instant, ne sachant ce qu’elle veut dire exactement.
- C’est ton enfant ?
- Oui, prends le, il est pour toi.
- Tu veux me le donner ?
- Oui, tiens ! prends-le.
- Mais… tu ne l’aimes pas ?
Elle éclate de rire, pivote sur un pied et jette un regard complice à ses amies : « J’en ai d’autres ! Je ne peux pas tous les nourrir. »
- Ses amies : C’est ce qu’elle te dit, elle en a trop ; C’est dur pour elle. Il faut le prendre…


CHAPITRE 3
… la cour est boueuse et glissante. Rose apparaît dans l’embrasure de la porte, belle comme une Béninoise. Son sourire brille tel un soleil sur son doux visage aux grands yeux bruns. Mon regard s’accroche à ce charme naturel, pur, sans artifice. Dans la chambre, le cartonnage moisi du faux plafond pendille. Rose est fatiguée, ses mouvements sont ralentis : « J’ai passé une partie de la nuit debout, le bébé dans mes bras. Lorsqu’il pleut, l’eau ruisselle partout. Le sol est inondé, je ne peux pas m’allonger. Cette nuit il a bien plu. J’étais là dans ce coin ! » Nous dit-elle.
Je l’imagine dans l’ombre de la nuit, sa longue silhouette légèrement courbée, le bébé sur sa poitrine. Dans la longueur de sa patience, elle écoute la pluie, elle attend le retour du soleil. Cette grande chambre paraît bien nue avec ses trois chaises éparpillées, une petite table en coin encombrée de livres et de cahiers, et une corde en travers de la pièce sur laquelle on a jeté des vêtements. Nous nous asseyons. France enseigne Rose, je reste en retrait, la chaleur a tendance à m'endormir...

CHAPITRE 4
… Nous descendons le vieux quartier, les ruelles usées et poussiéreuses traînent, fatiguées, d’anciennes maisons coloniales. Tout en bas, en témoin immortel des marchants d’esclaves, la place Chacha s’étend, secrète et silencieuse. La piste défoncée nous secoue durement, nous sautons à la cadence des trous. Nous nous garons sous les cocotiers et nous asseyons sur le sable humide de la plage. Dans le mugissement continu de la mer, j’abandonne mon corps au vent venu du large. Une voiture s'arrête au delà du cinquième cocotier, un couple en descend, la femme porte une corbeille. L'homme entre dans la mer, la femme le rejoint et lui tend... on dirait une poule. Nous les observons, leur comportement est mystérieusement étrange...

CHAPITRE 5
…Son charisme a le parfum de l'islam, un charme surprenant, anachronique, d'une autre époque ou d'un autre monde. On n'aurait pas pu l'inventer. Costumé pour une pièce de Molière, il est superbe ! Source d'inspiration pour une sensibilité d'artiste, c'est un 'fou' sympathique. Nous le croisons régulièrement et il me fait rêver... France et moi, nous nous rendions à un rendez-vous, j'étais à l'arrière de la moto, nous traversions un secteur sauvage de brousse et c'était bien agréable. Puis nous l'avons vu ! Nous nous sommes arrêtées dans l'appréhension de sa réaction...

CHAPITRE 6

... "Elle m’accuse o. Elle m’accuse d’avoir consulté o, un so cier o, pou fai mou i mon mari o. Je lui ai dit : Quoi o ? Moi faire mourir mon mari o ? Alors je suis folle o ? Qui donnera à manger à mes enfants o, si je tue mon mari o ? Si j’ai vingt mille francs o, je ne vais pas les donner au sorcier o. Je vais acheter un sac de riz o et le vendre o ! Tu ne me connais pas o ! Tu n’as rien compris o !
- Et ta maman, que dit-elle ?
- Ma Vieille o ? Elle me dit o ! ma fille o ! tu es en apprentissage o ! Tous les maris o, ils sont comme ça o. C’est ce qu’elle a dit o, la Vieille o.
- Larissa, j’aime beaucoup ta façon de parler, tu rajoute partout des ‘o’. Peux-tu m’expliquer pourquoi ?
- C’est que je chante o, en parlant o. Tu n’entends pas o ? Je chante o.

Yabo me dit toujours d’écouter le chant des femmes pour comprendre leur douleur. Rire pour ne pas pleurer, chanter pour ne pas crier. Rire et chanter pour continuer à vivre une vie qui ne laisse pas le choix...
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Sautillant depuis l’aube… De vallons… en coteaux… J’ai découvert…
Une chaumière… Avec un trou d’eau. C’est là que je veux habiter, Et mon repas sera fait De fruits… de fleurs… de miel et de noix.
Je taillerai un pipeau, dans un bois de sureau,
Je parlerai au vent, aux futaies, aux oiseaux.
Je jouerai des berceuses, en ce décor champêtre,
À la brise du soir, ce sera la fête !
J’écrirai des poèmes,
Sur l’écorce des chênes.
Je peindrai de pollen,
La courbe de mes lèvres.
Et je dessinerai, tout ce que je vois,
En suivant les contours, du bout de mes doigts !
Je lirai à voix basse… dans la création.
La nature… sera… sujet de réflexion.
Lorsque mes pieds seront salis et auront chaud,
Je me rafraîchirai, dans l’eau claire du ruisseau.
Je chanterai comme chante le rossignol.
Je danserai, avec les fleurs, ce sera drôle !
Fatiguée, je m’endormirai, les bras serrés,
Pour garder ce bonheur, sur mon cœur, bien serrés.
Puis un matin au loin, j’entends la mélodie,
du vent dans la vallée, je le connais, oh oui !
Il m’entraîne avec lui, faisant bondir mon cœur.
Mes longs cheveux bouclés s’échevellent de bonheur.
Regarde mon rire : c’est l’état de mon être.
Ce que je découvre, je te le fais connaître :
Bouquet de liberté, bien serré dans les bras.
Le vent fouette mon large vêtement de drap…
Toi le pèlerin, qui traverse la vallée,
Que mon allégresse soit pour toi…
Une orchidée.
La chaumière que je cherchais, oui, je l’ai trouvée et c’est ici que je veux vivre une année sabbatique. C’est une petite maison isolée, chaperonnée par un jardinet. Une maison basse, faite de pierres mal jointées, avec un toit de tuiles sculptées dans de la mousse verte et brune. Je tire sur une ficelle ébouriffée et alors la porte de planches cloutées s’ouvre en bêlant de plaisir. J’imagine les va-et-vient de ceux qui ont vécu ici autrefois : des hommes, des femmes, d’anciens jeunes et de futurs vieux. Tous tiraient sur cette ficelle pour entrer. En s’entrebâillant, la porte m’introduit dans une pièce mi-claire mi-secrète. Une haute cheminée de granit gris m’accueille comme une princesse entrant dans un des salons de son château. Reposant dans le foyer, des bois mal brûlés respirent encore la dernière soirée. Voici une chaise aux barreaux à demi déboîtés ; je m’y assois prudemment. Alors, je vois les flammes danser ! Je vois…
Quelques marguerites
Et des myosotis,
Dans ce vieux décor
De bois et de lys.
Je vis !
J’ai fui les cités
Et les grandes villes,
Pour me retrouver
Heureuse et tranquille,
Ici ! ....
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