Dans ce roman à la richesse stylistique incroyable, nous sommes plongés dans un univers que l’on pense connaître, car influencé par les grands auteurs américains de la Beat Generation, mais le jeune écrivain Swann Mayolle n’est pas dans la pâle copie de ses glorieux prédécesseurs, mais dans une génialissime réinterprétation. D'ailleurs, l'éditeur n'en parle pas, mais je trouve qu'il y a aussi un peu d'Erskine Caldwell dans ce texte...
Le récit est marqué par une plume percutante, qui interpelle. Nous sommes là face à un roman qui possède une certaine forme de poésie. Le texte est vraiment très travaillé, nous sommes constamment rattrapé, interpellé, par de splendide enchaînement de mots, phrases, paragraphes. Le lecteur en prend plein les yeux, la tête et le cœur. C’est vif !
Toujours est-il que nous sommes bien dans l’univers des traîne-savates, des laissés-pour-compte, de ceux qui n’ont pas la vie facile. L’ambiance de ce surprenant roman est assez envoûtante. C’est une vraie expérience de lecture que de parcourir ce livre. Dans ce texte, nous sommes véritablement embarqués dans un truc à part. C’est finalement très différent de la Beat Generation, même si cela s’en inspire, et c’est en cela que c’est très fort et intelligent.
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A la croisée des genres.
Si on ressent la forte influence de la Beat Generation, on ne sait si la temporalité se conjugue au passé ou au présent. Un présent grinçant et possible. Ce monde qui bascule entre les lignes est presque trop familier pour être lointain. Une uchronie équilibriste.
A la croisée des genres littéraires aussi, « roman fragmenté » dit l’éditeur, en effet, on ne sait pas trop si ce livre est un roman étrangement chapitré ou carrément un recueil de nouvelles.
L’ambiance est prégnante, autant que l’écriture s’incruste dans la rétine, le style est incisif. Les mots semblent jetés parcimonieusement, comme des dès sur une table, l’air de rien, tombés là, mais qui créé une poétique de l’étrange, une poétique du désespoir. Une poétique qui porte en elle tout ce qui a déjà été dit, et qui en joue, de cet enivrement permanent et du regard résigné, tristement posé sur les dés irrémédiablement jetés.
Ce regard se porte sur lui-même, les narrateurs qui s’enchainent, comme un roman choral, sont tous plus ou moins conscients d’être des Peter Pan du trash, de jouer à Bukowski, de vouloir se mettre dans la peau d’une de leurs idoles qu’ils imitent en brûlant leur vie comme une cigarette.
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