Sylvain Dutrieux

Marc poussa la manette des gaz jusqu’à la butée et tira sur le manche. L’appareil s’envola vers la surface dans une accélération qui les écrasa. Les chiffres de ses instruments s’affolèrent tandis que l’engin avalait la distance les séparant de la surface.
Sybil aperçut le compte-tour et se rappela avec effroi du triste sort qu’avait subi la turbine dans le bassin de test de FlyingVoid Technologies.
— La vache ! Votre moteur tourne trop vite ! s’inquiéta-t-elle.
— Pas le choix ! Accrochez-vous ! cria-t-il tandis que l’appareil se mettait à vibrer de toute part.
Paniquée, Sybil observa l’aiguille qui progressait vers des nombres toujours plus élevés.
— Allez, putain, nous lâche pas ! Pesta Marc, l’œil rivé sur le profondimètre.
La surface apparut enfin. Pâle au début, elle se fit de plus en plus claire. Sybil comprit ce que Marc prévoyait de faire. Elle qui avait jusqu’ici considéré cette limite comme un élément salvateur, la voyait désormais comme un mur. Elle se rapprochait vite. Bien trop vite. Ils allaient percuter ce mur de plein fouet et ce serait la fin.
— Ralentissez ! Hurla Sybil complètement en prise à la panique, tandis que l’appareil les secouait tellement qu’elle aurait pu jurer qu’il était sur le point de se disloquer.
Marc ne répondit pas. Il n’entendait plus rien, son esprit totalement déconnecté de tout à l’exception de ses instruments. Il maintint la poussée, priant intérieurement pour que la turbine tienne. De toute façon, il ne pouvait pas ralentir. La torpille les aurait. Il jeta un coup d’œil à ses jauges. Plus que quelques mètres. La torpille était sur eux. Il la voyait sur son radar : dans une seconde, deux maximum, elle les enverrait en enfer.