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Citations de Sylvain Zac (28)


La Parole de Dieu, telle qu'elle s'exprime dans l'Ecriture -Spinoza en est convaincu- est une Parole d'amour. Pourtant, c'est au nom de l'Ecriture que les théologiens, qui prétendent tous la suivre, s'accusent réciproquement d'hérésie et propagent ainsi la haine. Comment est-ce possible? C'est que les formes traditionnelles d'exégèse biblique sont toutes défectueuses.
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La règle universelle que tout interprète de l'Ecriture doit respecter, c'est qu'il ne faut jamais interpréter dans un sens métaphorique un texte biblique sous le pretexte que son sens littéral serait contraire à la raison et aux conséquences de la philosophie.
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On trouve (cependant) des textes dans l'Ecriture, dont on peut tirer des conséquences qui contredisent les dogmes énoncés explicitement dans d'autres textes. C'est ainsi, par exemple, que l'Ecriture enseigne clairement que Dieu est un. C'est la profession de foi que tout juif proclame tous les jours. Il est vrai cependant que, dans différents passages, Dieu parle de lui-même ou les prophètes parlent de lui au pluriel. L'expression 'Eloyim ne doit pas cependant nous induire en erreur et on doit, dans ce cas, dire que Dieu s'exprime métaphoriquement, en parlant le langage des hommes. De même, le Deutéronome (chap. IV, vers. 15) enseigne clairement que Dieu est incorporel. Il y a cependant d'autres passages qui attribuent à Dieu des mains, des pieds, etc. Ce sont incontestablement des anthropomorphismes découlant de la nature du langage, fait pour exprimer des choses humaines et non des choses divines. Dans ce cas particulier, une interprétation méraphorique s'impose, non parce que l'interprétation littérale choque la raison, mais uniquement parce que l'interprétation littérale de ces textes est incompatible avec des dogmes exposés clairement dans l'Ecriture et qui doivent être considérés comme des articles de foi obligatoires.
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En voulant subordonner l'Ecriture à la philosophie, Maimonide sape, sans le vouloir, les fondements de la religion juive. C'est ainsi, par exemple, que Maimonide semble insinuer que, lors du combat de Gabaon, le jour avait paru aux israélites se prolonger au-delà de ses limites ordinaires à cause des grandes choses qui s'y étaient accomplies. Ce que l'Ecriture dit au sujet de la lumière du soleil, qui s'arrêta pour Josué pendant des heures, n'a qu'un sens métaphorique. Mais nier la réalité d'un miracle, c'est mettre en doute tous les miracles relatés par l'Ecriture ; c'est mettre en cause l'authenticité même de la révélation, qui, elle-même, n'est rien d'autre que le miracle des miracles.
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La divinité même de l'Ecriture ne saurait s'établir qu'à partir de son contenu moral : nous pouvons dire que la Parole de Dieu s'y exprime, parce qu'elle enseigne la justice et la charité et non parce qu'elle nous démontre que Dieu existe et qu'il a communiqué par l'Ecriture sa parole aux hommes.
En réalité, toutes les démonstrations philosophiques que Maimonide met dans la bouche des sectateurs de Moise se surajoutent aux textes bibliques et n'en découlent nullement.
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Ce déchiffrement des allégories de l'Ecriture est difficile, car si Dieu a préféré parler aux hommes par allégories et énigmes, ce n'est pas seulement pour des raisions pédagogiques, pour s'adapter à la mentalité du peuple, mais aussi en raison de la nature même de la vérité métaphysique. Personne ne peut connaître parfaitement les secrets ultimes de l'être: la vérité métaphysique, en brillant comme un éclair, illumine notre esprit, mais elle se dérobe aussitôt et nous laisse dans l'obscurité ; elle est entrevue et non démontrée apodictiquement. Mais il est du devoir de l'homme sage de méditer constamment la parole de Dieu afin de deviner cette vérité métaphysique, cette "perle perdue dans une maison sombre et remplie de meubles", en déchiffrant, autant que possible, les énigmes et les allégories. Or Maimonide veut prouver que ce déchiffrement fait disparaître toutes les contradictions qui choquent les fidèles initiés à la philosophie: la vérité est une et la philosophie consiste uniquement à confirmer les vérités de l'Ecriture au moyen de la spéculation.
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Ces théologiens des différentes religions se livrent donc combat les uns aux autres et s'entendent, tous sensemble, à attaquer la liberté de philosopher. Comment l'expliquer?
Cette intolérance s'explique, d'abord, par l'ambition, désir d'imposer à autrui nos propres manières de penser, de sentir et d'agir et, ensuite, par la force des superstitions qui aveuglent tant de gens.
Mais il est dans la nature des passions de vouloir se justifier. Même ceux qui ne sont pas guidés par la raison veulent avoir raison. Or, comment les théologiens catholiques, juifs et calvinistes justifient-ils leur intolérance? C'est l'autorité de l'Ecriture qu'ils invoquent les uns les autres.
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"...Puisque le rare privilège nous est échu en partage de vivre dans une République, où chacun exerce librement son jugement et honore Dieu comme il lui semble bon, où la liberté est chérie comme le plus précieux et le plus doux des biens, j'ai cru ne pas accomplir un acte inopportun, ni inutile en formulant ce qui suit : non seulement cette liberté ne menace aucune ferveur véritable, ni la paix au sein de la communauté publique, mais sa suppression, au contraire, entraînerait la ruine de la paix et de toute ferveur. Telle est bien la thèse principale de mon traité."
Traité Théologico-Politique, préface
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Mais contrairement aux fanatiques de tout genre, Spinoza sait que la vérité est le fruit d'un entendement, affranchi des préjugés de toute sorte, qui se déploie en vertu de ses propres lois et d'une puissance qui est absolument sienne. La vérité est une, mais elle ne saurait s'imposer du dehors par la force et par la ruse. Aussi le Sage, doit défendre au nom de la vérité à laquelle il aspire et à laquelle tous, en principe, peuvent accéder, cette liberté de penser, qui ouvre la voie à une vie vraiment humaine "définie non point par la circulation du sang et les différentes fonctions du règne animal, mais surtout par la raison, vraie valeur et vie de l'esprit".
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"Ayant donc considéré toutes ces choses ensemble, savoir, que la lumière naturelle est non-seulement méprisée, mais que plusieurs la condamnent comme source de l’impiété, que des fictions humaines passent pour des révélations divines, et la crédulité pour la foi, enfin que les controverses des philosophes soulèvent dans l’Église comme dans l’État les passions les plus ardentes, d’où naissent les haines, les discordes, et à leur suite les séditions, sans parler d’une foule d’autres maux qu’il serait trop long d’énumérer ici ; j’ai formé le dessein d’instituer un examen nouveau de l’Écriture et de l’accomplir d’un esprit libre et sans préjugés, en ayant soin de ne rien affirmer, de ne rien reconnaître comme la doctrine sacrée que ce que l’Écriture elle-même m’enseignerait très-clairement. Je me suis formé à l’aide de cette règle une méthode pour l’interprétation des livres sacrés, et une fois en possession de cette méthode, je me suis proposé cette première question : qu’est-ce que la prophétie ? et puis, comment Dieu s’est-il révélé aux prophètes ? pourquoi Dieu les a-t-il choisis ? est-ce parce qu’ils avaient de sublimes idées de Dieu et de la nature, ou seulement à cause de leur piété ?"
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Il ne faut pas confondre le vrai sens des énonciations avec la vérité des choses. Cette distinction entre le "vrai sens du discours" et la "vérité du discours" se trouve dans l'ouvrage de L.Meyer, Philosophia S.Scriptura interpres. Le vrais sens du discours est celui qui est conforme aux idées de celui qui le profère, soit par écrit, soit de vive voix, sans qu'on se demande si ce qu'il dit correspond ou non aux choses. Un discours est vrai, au contraire, lorsqu'il s'accorde avec les choses mêmes, c'est-à-dire avec les choses qui existent en dehors de l'entendement de celui qui énonce le discours.
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A la méthode allégorique de Maimonide, Spinoza préfère l'interprétation littérale, celle du psat qui, dit-il, a le mérite de vouloir expliquer l'Ecriture par l'Ecriture, qui recherche le sens exact des mots et des phrases. Elle a l'avantage de rester docile au texte et de ne pas substituer les produits de la fantaisie à la vraie pensée des prophètes. Il lui reproche cependant l'absence de tout esprit critique et le mépris de la raison, en tant que souci de non-contradiction.
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C) Elle est inutile. Si Maimonide torture les paroles de l'Ecriture, c'est parce qu'il veut, coûte que coûte, tirer de l'Ecriture des vérités démontrables. C'est pour cette raison qu'il recherche à côté du sens externe d'un texte, alors qu'il est le plus clair du monde, un sens caché et philosophique. Mais démontrer, c'est, pour tout le monde, connaître des objets dont on parle par définitions et causes. Or, la majeure partie de l'Ecriture ne saurait se déduire à partir de principres connus par la lumière naturelle. Il y a une inintelligibilité essentielle de l'Ecriture, car la plus grande partie de l'Ecriture est consacrée à des récits miraculeux et à des révélations qui échappent à la compréhension humaine.
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Maimonide se propose de rassurer ces indécis: l'opposition entre l'Ecriture et la vérité philosophique n'est qu'apparente. Elle n'existe que si l'on se borne à une lecture littérale de la Bible, seule lecture convenant, en raison des limites de leur intelligence, à la plupart des hommes, aux femmes et aux enfants. Mais les récits bibliques et les mots de la Bible, pris isolément, ont au-delà de leur sens externe et littéral un sens interne et ésotérique. Si l'on veut comprendre le vrai sens de l'Ecriture, on doit procéder à un déchiffrement allégorique des mots et des récits.
" Il faut savoir que la clé pour comprendre tout ce que les prophètes ont dit et pour le connaître dans toute sa réalité, c'est d'en comprendre les allégories et leur sens et d'en savoir interpréter les paroles. "
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Tantôt on affirme que que, pour comprendre le sens de l'Ecriture, on a besoin d'une lumière surnaturelle, d'une inspiration divine. Pour être théologien, il faut être "homme plus qu'homme". C'est ainsi, par ecemple, que les Cabbalistes de toutes les époques prétendent découvrir, grâce à une révélation divine particulière, des mystères contenus, non seulement dans les récits bibliques, mais même dans les lettres dont les mots sont composés, dans leurs formes et leurs dimension.
Point de vue entièrement inacceptable, réplique Spinoza.
Tout d'abord, on ne sait pas ce qu'est cette "lumière surnaturelle". Cette expression sert plutôt à cacher l'absence de lumière naturelle; ne comprenant pas le sens exact d'un passage, certains interprètes, au lieu d'avouer leur ignorance, affirment qu'il contient un mystère, une vérité innacessible à la raison, qui, par une faveur particulière, leur eût été communiquée.
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Ces remarques nous paraissent très importantes pour l'intelligence de l'attitude de Spinoza. On aurait tort de penser que la critique biblique de Spinoza se ramène à une "réduction naturaliste", qui se proposerait d'expliquer ce qui paraît au premier abord mystérieux et surnaturel par des lois naturelles. (...), le principe de sa méthode exclue toute réduction de ce genre. "Il faut même, avant tout, prendre garde, quand nous cherchons le sens de l'Ecriture, à ne pas avoir l'esprit préoccupé de raisonnements fondés sur les principes de la connaissance naturelle (pour ne rien dire des préjugés) ; afin de ne pas confondre le sens d'un discours avec la vérité des choses, il faudra s'attacher à trouver le sens en s'appuyant uniquement sur l'usage de la langue ou sur des raisonnements ayant leur seul fondement dans l'Ecriture".
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L'interprétation allégorique de l'Ecriture et le "fanatisme de la lettre" de la pure orthodoxie juive sont également condamnables. La bonne méthode est celle qui consiste à interpréter l'Ecriture par l'Ecriture.
En quoi consiste exactement ce principe de méthode? On peut d'abord lui donner un sens polémique : n'interpréter l'Ecriture ni par les préjugés de la tradition, ni par ceux de la philosophie , les uns et les autres étant des inventions humaines prises pour des enseignements divins. Partir des préjugés de la tradition, c'est, sous le prétexte du respect de la lettre, déjà proposer une interprétation fondée, non sur les suggestions de la Raison, pouvoir de discernement, mais uniquement sur la force de l'habitude et sur la pression d'une collectivité religieuse. Partir des préjugés de la philosophie, c'est falsifier l'Ecriture et en faire un principe de discorde entre les hommes.
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d) Elle est absurde. Maimonide se prétend rationalise. Son rationalisme paraît même, au premier abord, excessif, car, selon lui, la théologie devrait être la servante de la raison. Mais, en réalité, il déraisonne "avec le secours de la raison".
D'un côté, il affirme que l'Ecriture nous enseigne des vérités d'ordre spéculatif, saisissables par la lumière naturelle. D'autre part, comme l'Ecriture, loin de procéder par démonstrations, s'exprime par paraboles et énigmes, on aurait besoin pour saisir ce qu'elle nous apprend, au point de vue spéculatif, d'une tout autre faculté. Autant dire que la lumière naturelle, autorité suprême dans les matières spéculatives, devrait cependant en même temps être surnaturelle.
C'est ainsi, par exemple, que Maimonide a pu soutenir que les prophètes, qui ne démontrent jamais rien, ont tous été de grands philosophes et de grands théologiens. C'est que le privilège exclusif des prophètes ne s'explique pas, selon lui, uniquement par leurs qualités morales et intellectuelles, mais encore par l'intervention de Dieu, capable d'empêcher la prophétie, cette inspiration étant due à l'épanchement de l'intellect agent. L'interprétation allégorique de Maimonide se ramène, en dernier lieu, à une interprétation mystique qui se déguise fallacieusement sous le couvert de la raison. Sans être cabbaliste, il délire avec eux: il déraisonne tout en faisant appel à la raison.
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Que reproche Spinoza à cette méthode maimonidienne de l'interprétation de l'Ecriture? Elle est à ses yeux fantaisiste, nuisible, inutile et même absurde?
a)Elle est fantaisiste. Sous le prétexte qu'il ne saurait y avoir une contradiction entre le contenu de la révélation et les exigences de la raison, Maimonide affirme que chaque passage de l'Ecriture comporte un sens ésotérique qui ne saurait contredire la raison. En tout cas, si le sens littéral d'un passage contredit la raison, il faut l'interpréter autrement. La philosophie est donc interprète de l'Ecriture. Mais, en réalité, ce que Maimonide appelle "philosophie", ce n'est pas la raison qui, jouissant de son autonomie intellectuelle, enchaîne les idées claires et distinctes qui dépendent de sa propre nature et de sa propre puissance selon des lois nécessaires; c'est la philosophie péripatéticienne ou ses propres opinions philosophiques. Il torture l'Ecriture de façon à y découvrir une métaphysique qui n'y est nullement contenue. Mais procéder ainsi, ce n'est pas interpréter l'Ecriture, mais l'accommoder à sa propre fantaisie.
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Mais si un homme sage, à l'esprit pénétrant, capable de penser par lui-même, examine attentivement le texte de l'Ecriture, il découvre que l'Ecriture contient, non seulement la loi idéale, dont toutes les autres lois ne sont que de pâles imitations, et des récits destinés à le confirmer, mais encore des vérités métaphysiques, les secrets ultimes de l'être. Le Talmud parle des profonds mystères contenus dans le récit de la création du premier chapitre de la Genèse et du récit du "char céleste" dont il est question dans le premier chapitre d'Ezechiel et dans quelques passages d'Isaie et de zacharie. On sait quel rôle ont joué ces mystères dans les écrits des Cabbalistes. Sans être partisan de la Cabbale, Maimonide soutient que le récit de la création et le récit du "char céleste", interprétés allégoriquement, contiennent, le premier, la science physique, et le second la métaphysique, principales parties de la philosophie péripatéticienne.
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