Berck plage
Et voilà la mer, cette grande absence.
Le soleil – ventouse aspire ma brûlure.
Des sorbets aux couleurs électriques, puisés à même le gel
Par de pâles filles, courent le ciel en des mains écorchées
Pourquoi ce calme ? Que me cache-t-on ?
J’ai deux jambes et je vais souriante.
Un étouffoir de sable tue les vibrations ;
Il s’étend sur des milles, les voix amenuisées
Flottent irréelles et rétrécies à demi.
La ligne de vision, échauffées par les surfaces nues,
Revient en boomerang et nous blesse.
Pourquoi s’étonner de ses lunettes noires,
Pourquoi s’étonner de sa noire casaque ?
Et le voilà qui vient parmi les pêcheurs
Qui lui font un mur de leurs dos.
Ils manient ces verts et noirs losanges comme des lambeaux de chair.
La mer, qui les cristallise, recule et rampe,
En mille vipères qui sifflent de détresse…
//Traduit de l’anglais par Laure Vernière
//Edition des Femmes, 1978