Sylvie Baron

Comment le feu avait-il pris en ce jour de canicule ? Entre le foin trop mouillé qui s’échauffe ou le fourrage accumulé en grosse masse qui emprisonnait tout dégagement de chaleur, plusieurs suppositions étaient envisageables mais la petite Jenny les avait réduites à néant en affirmant de façon péremptoire que Lison fumait près de l’étable. Ce qui était faux, archi-faux ! Un mensonge d’enfant inventé de toutes pièces. Bien sûr, elle fumait en cachette comme tous les jeunes de son âge, mais sûrement pas ce jour-là, ses cigarettes étaient restées dans sa chambre, elle le leur avait dit en pleurant et en les suppliant de la croire. Les pompiers d’ailleurs, comme les experts de l’assurance, n’avaient pas fait état du moindre mégot, mais comment le prouver face aux certitudes inébranlables de la petite ? Pourquoi Jenny avait-elle menti ? Pourquoi ses parents l’avaient-ils crue, elle, une enfant de cinq ans qui bredouillait ses phrases plutôt que leur grande fille dont jusque-là, ils étaient si fiers ? L’horreur, c’est que ses parents n’avaient pas douté un instant des dires de la petite et avaient rejeté en bloc ses dénégations à elle, sans même vouloir l’entendre.