Antoinette Deshoulières
LES MOUTONS -IDYLLE
Hélas ! petits moutons, que vous êtes heureux !
Vous paissez dans nos champs sans soucis, sans alarmes :
Aussitôt aimés qu’amoureux,
On ne vous force point à répandre des larmes ;
Vous ne formez jamais d’inutiles désirs.
Dans vos tranquilles cœurs l’amour suit la nature :
Sans ressentir ses maux, vous avez ses plaisirs.
L’ambition, l’honneur, l’intérêt, l’imposture,
Qui font tant de maux parmi nous,
Ne se rencontrent point chez vous.
Cependant nous avons la raison pour partage,
Et vous en ignorez l’usage.
(extrait, 1674)
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