Kayako Yamasaki
UNE HISTOIRE DU BOIS
Notre maison disparaît.
La maison, qui a enduré une tempête
de fer et un déluge
couleur de rouille.
La maison, qui n’a pas brûlé
dans le feu,
qui n’a pas été effacée
par l’eau.
Elle a resplendi sur nous
d’une lumière verte.
Nous croyions,
comme des enfants, qu’elle
était là,
pour toujours.
Près du fleuve elle
se tenait
seule.
Sans jardin et
sans portail.
Elle n’avait
ni portes
ni fenêtres.
Ni murs, ni
toit. Dedans
il n’y avait pas
de foyer.
Construite des seuls
rayons de soleil :
elle nous abritait et
nous protégeait. Oui,
des fauves
des bois.
L’eau émeraude
coule à travers
le ciel
du soir,
comme
le conte de fée que
nous aimions tant.