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Citation de Danieljean


Le transport de la Vénus de Milo du champ de Yorgos Kendrôtas vers la salle qui lui était réservée au Louvre n'a pas eu, c'est évident, la même incidence sur le XIXe siècle que Napoléon, Bismarck, la guerre de Crimée ou la première Internationale socialiste de Karl Marx. Mais, de ce siècle, il reflète la vision du monde, le style qui, tendant un miroir à notre présent, trace des circuits invisibles dans les vaisseaux capillaires du temps, comme Jean Valjean, le forçat de Victor Hugo, creuse ses pensées dans les ténèbres. Quant à la Vénus, si l'histoire de son enlèvement revêt pour vous et pour moi une signification qui va au-delà de l'anecdote dont relèvent les comportements des protagonistes, leurs ambitions, leurs amours, leurs rivalités et leurs faiblesses, elle le doit au fait qu'elle est sortie comme de sa propre initiative du néant des siècles. À croire qu'elle avait conservé quelque chose de la pulsion divine que l'esprit de son créateur avait inscrite dans le marbre de Paros. À croire que si elle avait émergé, c'était pour rayonner de toute sa nudité au beau milieu de l'humanité. Pour traduire, dans la langue du XIXe siècle, les angoisses et les fatigues de ce sculpteur qui, dans le lointain premier siècle de notre ère, luttait avec son ciseau pour faire apparaître dans les veines du marbre de Paros les plis de son voile, le fléchissement de sa taille, les douces rondeurs de ses seins et ce sourire de repentance tardive qui se peint sur ses lèvres
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