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Citations de Théophile Silvestre (19)


Durant les siècles qui ont précédé le temps de William Hogarth, votre pays, Messieurs, n'eut guère à son service que des artistes étrangers. Mais, comme tout ce qui plaît aux yeux et frappe l'imagination relève directement de l'art, je ne dois pas passer sous silence ces dames Anglaises du règne de Henry VIII, de nobles et véritables artistes, qui, de leurs belles et pieuses mains retraçaient en tapisseries les épisodes de l'histoire sainte dans les hautes salles des manoirs. A la vue de ces vénérables images qui, parfois, au souffle du vent, semblaient se mouvoir et grandir comme des apparitions fantastiques, les châtelaines sentaient battre leur cœur, et les vieillards, fermant la Bible, relevaient leurs têtes attentives, comme si Moïse lui-même allait leur parler.
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Oui, Reynolds est un grand maître, et son image est digne de figurer avec celles des maîtres immortels à la galerie de Florence. C'est Reynolds, c'est lui, qui, le premier, apporta dans votre école nationale cette largeur de style qui donne l'apparente fougue de l'improvisation aux tableaux les plus travaillés ; cette souplesse de modelé, cette hardiesse des contours, qui rendent les figures si saillantes et leurs mouvements si libres ; cette façon voltigeante des draperies, qui allège et ennoblit la tournure ; cette transparence dans le fond du sujet, dans le paysage, qui fait, pour ainsi dire, respirer aux êtres
imaginaires l'air vivant de la nature.
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Les artistes ont semblé trouver étrange de voir, dans ce vaste et libéral concours où toutes les nations de monde sont conviées à titre égal, les ouvrages de l'illustre maître exposés comme des reliques, et sont allés jusqu'à prétendre qu'il s'est ainsi couronné d'autorité et assis dans un Apothéose. Que celui d'entre eux qui ne rêve pas pour soi-même avec une profondeur volupté autel privilégié, acolytes, porteur de queue, bénitiers et encensoirs, jette la première pierre !
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Car la peinture est un langage qui devient d'autant plus difficile à entendre qu'il s'éloigne davantage des figurations élémentaires, des hiéroglyphes essentiels à la portée de tous, comme par exemple les enseignes parlantes des boutiques.
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Le peintre a de la peine à reconnaître ses juges naturels dans cette tassée d'hommes, qui plantent le nez dans ses tableaux sans les voir, et vont s'extasier devant la pyramide d'or de l'Australie. Il sait aussi, c'est là son réconfort, que parmi tant de têtes de bois et de coeurs de pierre, se trouvent çà et là quelques vivants faits pour l'aimer, le comprendre et le glorifier, au plus fort de la confusion des esprits, de l'abêtissement des caractères et de la déroute du sens commun.
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Pour faire avancer à grands pas l'art et la science, pour vaincre les monopoles injustes, pour briser les restrictions fiscales, la très éclairée et très persévérante Société des Arts étend sa propagande sur tous les points du monde. Dans le seul Royaume Uni plus de trois cents sociétés, basées sur ses principes, lui sont affiliées. Loin d'empiéter sur leurs privilèges provinciaux, loin d'absorber leurs libertés locales, la Société des Arts leur prête l'irrésistible appui de son pouvoir central métropolitain, et, par cet esprit de justice, de modération, de solidarité, sait se concilier l'estime et le dévouement des hommes les plus influents du pays. Aussi toutes ses initiatives, toutes ses résolutions ont-elles un triple caractère d'ampleur, d'énergie et de patriotisme. La Société des Arts marche comme un seul homme, et la nation la suit. Les intelligences s'animent, les volontés s'unissent, les millions circulent. Ce qu'elle veut est fait: l'Exhibition de 1851 ouvrît ses portes ; celle 1861 les ouvrira.
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C'est juste, reprit Horace Vernet; je suis né et j'ai vécu sous une heureuse étoile. Marié à vingt ans avec cents écus pour toute fortune, j'ai commencé à faire des dessins, des tableaux de vingt francs, et j'ai fini par gagner des millions qui ont passé de mes mains je ne sais où. J'ai immensément travaillé, j'ai bien vécu, j'ai longtemps parcouru le monde, comme dit la chanson; j'ai vu bien des choses, trop de choses pour ma tête, qui n'est pas forte. En somme, j'ai tout de même joué mon rôle; il faut songer à fermer boutique.
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L'artiste revint plus brave que jamais à l'Exposition universelle de 1855 avec une quinzaine de tableaux, scènes de moeurs, portraits et paysages. Les principaux furent rejetés par le jury. Le Portrait d'une dame espagnole, tout à fait manqué, deux ou trois paysages, la Fileuse, et deux têtes (toujours des portraits de Courbet) furent admis. J'allais oublier la Rencontre, tableau que les journalistes baptisèrent : Bonjour, monsieur Courbet! C'est encore lui-même, traversant fièrement, le sac au dos, le bâton ferré à la main, les campagnes de Montpellier. M. Bruyas, son serviteur et son chien venus au-devant de lui, l'accueillent avec tous les égards dus à son rang et à sa dignité: « Bonjour, monsieur Courbet ! »
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On parlait de Courbet dans les rues, dans les estaminets, dans les salons. Il n'a cessé depuis lors de chanter partout lui-même ses propres louanges, ce qui est ennuyeux. Trop de vanterie fatigue le public, et quand le public lassé fuit un homme de talent et même de génie, il le fuit pour longtemps. Il est beau par moments de lutter seul contre tous ses contemporains, mais sans braver le ridicule, qui sera toujours le plus fort :
Le ridicule est plus tranchant
Que le fer de la guillotine.
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Si Corot voit deux nuages qui lui paraissent de prime abord également sombres, il s'attache à préciser la différence qu'il sait d'avance exister entre eux; puis il établit sur l'un ou sur l'autre la série de ses tons. Les deux extrêmes de l'effet général étant posés, les valeurs intermédiaires prennent leur place et se subdivisent elles-mêmes à l'infini.
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Corot n'a été l'enfant gâté, ni du public, ni des ministres, ni de l'Institut. Pendant quinze années, ses tableaux, exposés au Louvre dans de mauvais coins, ont à peine été vus. « Hélas ! disait-il, je suis dans les catacombes. » Rentré chez lui, et les larmes aux yeux devant les toiles accrochées aux murailles de l'atelier, il s'écriait : « Le talent me reste. »
Corot reçut la croix d'honneur en 1847; sa famille crut alors le comprendre, après vingt-cinq ans d'indifférence pour ses efforts. Son père commençait à dire : « Je pense qu'il faudra donner un peu plus d'argent à Camille. » Et Camille avait déjà les cheveux gris.
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Cependant M. Corot père donnait fort peu d'argent à son fils, espérant le ramener par les privations et le découragement dans le chemin du comptoir. Ici commence la lutte opiniâtre de notre artiste contre l'obscurité. « C'est merveille pour moi, dit-il, de m'entendre appeler à cette heure un homme éminent ! Quel dommage que l'on n'ait pas dit cela plus tôt à mon père, qui en voulait tant à ma peinture et qui n'y trouvait rien de bon parce que je ne la vendais pas ! »
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Les élèves de nos académiciens ne font sous leur direction que de maigres dessins pour s'exercer à concourir les uns contre les autres avec une égale ignorance. Ce qu'ils apprennent le mieux, c'est le respect et la crainte du professeur dont l'influence officielle leur vaudra des travaux et du pain, peut-être à la longue un siège à l'Institut, s'ils portent bien le joug. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Rubens, superbes tempéraments, admirables intelligences, joignaient à l'amour de l'art celui de toutes les sciences; M. Ingres est tout simplement un instituteur routinier qui sait et enseigne son métier comme un maître d'armes connaît et professe le sien.
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David exprimait ces idées avec une énergie qu'il n'eût trouvée ni en lui-même ni dans les types vivants, et que, sur la fin de sa vie, ne lui offrait même plus l'évocation des anciens. L'enthousiasme de la Révolution étant tombé, adieu l'émulation pour l'héroïsme grec et romain. David ne léguait donc à son école que l'exemple de sa jalouse autorité. Il avait supprimé l'Académie en 1793 pour la reconstruire à son profit et n'y laisser entrer que ses imitateurs.
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De 1806 à 1820, M. Ingres perd pour ainsi dire à Rome sa qualité de Français et devient citoyen d'un peuple de statues. Indifférent aux destinées de son pays, il est tout entier à ses tableaux : l'Odalisque et l'Aritin, au moment même ou le canon de la Russie tonne sur les hauteurs de Montmartre. Nous le revoyons, pendant les journées de juin 1848, terminer tranquillement la Vénus Anadyomène au son du tocsin de la guerre civile, quand le sang des victimes coule en ruisseaux dans les rues de Paris. Heureux homme !
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Tous les artistes de l'Europe invités à ce vaste et libéral concours riaient de voir les ouvrages de l'académicien français exposés comme des reliques sur un autel priviligié. C'est ainsi qu'il triomphe sans lutte et fait de son vivant sa propre apothéose ! Que l'artiste modeste jette la première pierre à ce glorieux !
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L'esthétique des journaux est tombée plus bas encore, s'il est possible que le « premier Paris ». Aussi l'artiste, loué ou blâmé à faux, professe-t-il pour l'écrivain un légitime mépris. Il faut entendre, dans l'intimité, le peintre, le sculpteur, railler ou bafouer le critique, qui lui prête à tout instant des intentions, des idées, des qualités ou des fautes. L'artiste et l'écrivain semblent pourtant faire bon ménage. Mais, pure dissimulation! L'artiste aime mieux, d'ailleurs, subir l'iniquité que le silence. Ce qu'il lui faut quand même, c'est faire parler de lui.
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C'est que tout le monde, en France, l'épicier comme le poète, veut être artiste et connaisseur, ou le paraître. Il faut bien ou mal parler de l'art : c'est la mode, le dandysme du jour.
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Si le premier venu des critiques, encyclopédiste à vol d'oiseau, touche à tout avec légèreté, au moins a-t-il pris une idée de son sujet avant que d'aligner sa colonne de politique, de religion, d'histoire ou d'industrie : son impertinence envers le public a des limites. Le critique d'art ne se donne pas ordinairementtant de peine : pleinement satisfait de ses impressions prime-sautières, toute divagation lui semble permise; il se met à parler d'abondance,et de ce qu'il connaît et de ce qu'il ignore, à corriger les tableaux, les statues, les monuments à vue d'oeil ou sans les voir, à formuler des théories avec une audace au moins égale à la sécurité du génie.
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