J'invente, j'accomplis et je replante en toi
L'arbre à feu de la terre
L'arbre à sang, le rampant, le dur éclabousseur
Crachant sa fleur de pourpre au visage indolent
Qui veut se croire sage.
Délivrance
L’Étoile sur le ciel palpite et te fait signe
Avance !
Derrière tout est blanc comme avant ta naissance
Et tu es pure, à toi-même apparue et renoncée.
Tu enfantes le mythe dont tu peux mourir
Et qui lui-même t'a portée,
Amour.
Longe la source au cœur troué
D'où s'élève un visage
Fier de la mort qu'il porte en lui
Et qui sur toi rayonne,
Soleil écartelé aux quatre membres de l'été,
Figure d'enfant roi qui de la nuit surgie
Te ramène à la nuit.
La courbe est douce de son feu au feu du monde
Où tu parviens
Fais l'amour avec son amour
Pour que naisse une flamme neuve
Lécheuse de tourments nouveaux.
Transforme sa matière en songe pour tes songes
Ouvre ton corps à la menace suspendue
Autour de ceux qui savent et qui s'abandonnent...
Mourir c'est limiter, tu ne veux que passer plus loin.
Sources
Que l'amoureuse mort dans sa course pressée
S'arrête et dans tes yeux contemple son désir
mieux qu'à l'amour les mains s'apaisent à partir
Et leur lenteur s'attarde à délier les chaînes.
S'enfle le beau départ à la voile incertaine
Perdu le songe impur où le monde était roi
La vie avec ses sourdes voix recule et toi
Tu plonges pour mieux boire aux sources devinées.
La Scène capitale
L'archange aux cheveux noirs fils de la foudre
Et de la terre aux germes saccagés.
Il est ce tremblement qui gêne l'évidence
Le chemin qui s'invente à tous les pas
Et qu'on oublie,
Les gestes faits dans le sommeil ou dans l'amour
Humble récognition des signes rois
Érigés à l'entour du visage choisi
Pour être le témoin de choses défendues
A chaque fois perdues
Et qui déchirent l'avenir.
Éblouissant visage nu !
Il apparaît lorsque se forme ou bien se perd
L'échange de ta nuit avec ma nuit
Le choc : Passage de la foudre —
Mort.
Phénix
Passages !
Et de nouveau la mort et de nouveau la vie.
Que je ne sache plus ce qui en moi veut vivre
Ou veut mourir.
Surtout ne pas entendre et ne pas regarder,
Ne pas savoir !
Et que la flamme éclate et lacère le sang
Le beau désir, de soi-même inconscient,
Qui brûle et meurt de vivre et redescend
La pente de l’oubli, le grand trou bourgeonnant
D’où le feu naisse, et monte et recommence.