Venir au monde, implique d'apprendre à l'habiter. Et la vraie manière d'habiter le monde nous dit Heidegger, c'est de l'habiter en poète. Or il est des moments trop nombreux où nous habitons "sans poésie", et cela, dit-il, provient "d'un étrange excès, d'une fureur de mesure et de calcul". Habiter le monde en poète, c'est être en lien et en harmonie avec les "choses d'en haut", avec la "Divinité", qui reste pour lui mystérieuse. Mais c'est là que nous trouvons notre vraie mesure, celle qui nous ouvre de manière vitale à une tout autre dimension que celle proposée par les mesures techniciennes.
C'est là le mouvement du consentement: accepter la réalité et l'intégrer à sa liberté non pas comme limite, mais comme condition de base. Il en va comme dans un jeu de cartes. La question n'est pas tant de jouer que si on a de bonnes cartes, mais de jouer au mieux avec les cartes qu'on a reçues. Dans la démence, l'effort est considérable parce qu'il s'agit d'une redistribution totale des cartes.
Attention de ne pas confondre la nuit avec les ténèbres, la difficulté avec le chaos. L'outil pour avancer c'est la capacité de se situer dans la nuit et non dans les ténèbres, et de rester avec la conviction d'une nuit habituée de lueurs qui annoncent le jour. "La nuit est avancée, le jour est proche" (Rm 13, 12). Prendre conscience de la nuit c'est inévitablement savoir aussi que le jour vient après, mais savoir également que dans la nuit elle-même, il y a des choses qui peuvent se passer, qu'il ne s'agit pas que d'une temps négatif.