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Critiques de Thierry Vincent (II) (4)
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La psychose freudienne : L'invention psycha..

Sacré Freud, il nous aura fait bien marrer. Il laisse un petit étron mal séché au soleil et tous ses successeurs se penchent et soufflent dessus pour qu’il durcisse enfin et vienne consolider le socle de la psychanalyse. Mais la bouse, ils l’étiaffent plus qu’autre chose.





Le petit étron en question, c’est la psychose. Faut savoir que Freud, il était juste bon à psychanalyser les névrosés et encore, on n’en est pas vraiment sûrs. C’est qu’il n’avait rien d’autre sous la patte que des hystériques. A partir de là, il a mis au monde des concepts divers et variés : le refoulement, l’inconscient, la projection, l’introjection, le transfert, etc.





De son vivant déjà, des sympathisants de la cause freudienne (Karl Abraham, C. G. Jung, Sandor Ferenczi, Victor Tausk) se sont emparés des petites briques de son modèle pour les appliquer à leurs propres observations, et ils se sont rendus comptes que le modèle formé à partir de l’hystérie ne contenait pas toutes les réalités de l’univers psychique, surtout quand on cause de psychose.





Dans ce livre, on aura donc droit à la diachronie du concept de la psychose et on évoquera quand même les quelques briques cassées par Freud en ce qui concerne cette structure mentale et ses hypothèses pour l’approcher en cabinet, tel un tigre face au benêt touriste de parc zoologique. Pour Freud, la psychose est le résultat d’un détachement de la réalité : la part libidinale autrefois dévouée aux objets revient sur le moi et provoque un délire primaire qui est la marque d’une relation narcissique au monde.





Le plus intéressant, c’est surtout de lire comment les ouailles de Freud, en voulant lui dorer la pilule théorique, se sont bien souvent trouvées dans des situations délicates qui remettaient en cause des points fondamentaux de la théorie.





Le conflit entre Jung et Freud s’élabore progressivement autour des questions concernant la différence entre l’hystérie et la démence précoce, le mécanisme de la paranoïa, le mécanisme de la réalité des souvenirs et la nature de la libido. Pour Jung, le délire dans la psychose résulte moins de l’élaboration personnelle d’une fantaisie que la déprivation de la singularité d’un individu, fasciné par les figures imaginaires archaïques et collectives. Il s’agit alors de rompre l’apparente singularité de ces figures pour enclencher le processus d’individuation, là où Freud semblait patauger avec plaisir dans le marasme fantaisiste des formations inconscientes.





Karl Abraham fut un disciple plus fidèle et tempéré. Sa psychologie génétique, considérant que l’introjection représente la modalité psychique de base et que le sadisme et la haine occupent une place importante dans les affections psychotiques, pose toutefois problème à l’égard de la conception freudienne de la sexualité infantile et prégénitale, avec tout son petit système de la topique. Pour Freud, l’objet est substituable car fondamentalement narcissique ; pour Abraham, ce n’est pas le cas et il faut distinguer les cas où l’investissement libidinal de l’objet s’est fait au stade oral, anal ou génital –entendu qu’il s’agit là moins de zones anatomiques que de stades temporels que doit franchir un individu.





Sandor Ferenczi, de même, fut globalement un bon disciple. Il s’éloigne seulement de la théorie énergétique de Freud pour élaborer une théorie expliquant comment le sujet vient à la réalité, en inversant les positions classiques. Ce n’est plus le sujet qui forme la réalité mais la réalité qui forme le sujet. Si le Moi freudien constitue l’instance par excellence, engagée dans le commerce avec la réalité, le Moi ferenczien a buté hors de ce corps la mégalomanie infantile en imposant la reconnaissance du pouvoir des forces de la nature. C’est ce processus qui ne s’est pas correctement réalisé dans la structure psychotique.





Victor Tausk, enfin, qu’on traite de sous-fifre de la psychanalyse obligé de se suicider pour en découdre de Freud, n’a commis qu’un essai véritablement dérangeant quant à la théorie freudienne : « De la genèse de l’appareil à influencer au cours de la schizophrénie ». Sous son aspect très orthodoxe, cet essai différencie deux formes de narcissismes (inné vs. acquis) et constitue le narcissisme comme élément fondateur du Moi. A partir de là, il rend compte du morcellement corporel du psychotique et ouvre le champ à la création d’une clinique du corps, conçue à partir d’une clinique différentielle de l’objet. Encore une fois, c’est l’apparente gratuité de la fantaisie dans la conception freudienne qui est remise en question. Tausk ne prend pas le psychotique pour un délirant ferme, il considère que sa symptomatologie témoigne de la résurgence d’un moment d’une ontogenèse.





Tout ça pour dire qu’après le père Freud, reste encore du boulot. La dissidence, même légère, a du bon, puisqu’elle a permis de réévaluer l’absence de transfert présumée, de remettre en cause le dogme de l’anobjectalité et d’interroger la fonction du langage en tant que lien au corps et à la réalité. Toutes questions qui, bien sûr, n’intéresseront que ceux qui se sentent quelques affinités avec la folie.

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Dieu sans religion : Foi et démocratie

Cet essai questionne la foi, la religion, la place de Dieu dans la démocratie.

Thierry Vincent soutient la thèse que la laïcité au sein de la démocratie est issue de l'athéisme (et de la raison) et qu' elle a supprimé tout de go et Dieu et les religions alors qu'au contraire la laïcité devrait permettre une séparation de la foi et de la religion.



Il réfléchit d'abord à l'histoire de la laïcité, découlant de l'athéisme et du rejet de Dieu et des religions. En guise d'introduction, il évoque quatre grands principes pour répondre à la question liée à la démocratie: "comment vivre ensemble. "

J'ai trouvé intéressant sa manière d'étudier les différents arguments contre la religion et Dieu. Il s'arrête après sur des systèmes qui n'étaient pas laïques mais athées comme la période sous Staline et il montre que Staline s'était fait calife à la place du calife.

Ensuite il interroge la puissance et l'usage de Dieu déconstruisante et analysant le rôle de Dieu dans différents événements récents.

Enfin il parle de ceux qui ont la foi.



J'ai parfois trouvé que l'auteur mettait en concurrence incompatible la foi et le respect des rites d'une religion. Que l'une ne pouvait pas aller avec l'autre. Pour moi, et je reprends l'idée d'humilité, j'ai l'impression d'avoir la foi, et que c'est justement pour ça que je suis les rites de cette religion particulière. Et j'aimerais discuter avec l'auteur plus profondément de certains points au sujet de l'adhérant à une religion : de ce qu'il fait que, pour des raisons de foi, et en mêlant sa raison , il embrasse une religion particulière.



J'ai trouvé intéressant de lire un essai, une réflexion philosophique sur Dieu, sur la foi, sur l'athéisme, et qui interrogeait des concepts qui me sont familiers dans la pratique.

J'ai aimé que l'auteur s'appuie sur des grands penseurs (citons Hegel, Freud, Schopenhauer, Nietzsche...), des plus contemporains comme Michel Onfray et des vraiment récents.



J'ai trouvé que le propos de l'auteur était abordable sans être simpliste, que l'on suivait bien le raisonnement, qu'il discutait bien plusieurs pistes et j'ai eu l'impression que l'auteur cherchait à questionner une soif de transcendant observée chez ses contemporains que je trouve personnellement assez juste. J'ai trouvé parfois un peu compliqué car dense à certains moments au niveau des concepts.

J'ai été plusieurs fois "contente" de voir des mots sur des idées déjà eues, comme le luxe de l'athéisme par exemple.

J'aime sa conclusion et la vertu chère à mon coeur d'humilité, j'ai beaucoup apprécié aussi le passage sur l'intimité.



Pour autant je reste mitigée et un peu sur ma fin. C'est un livre qui appelle au débat, à la discussion, et mon individualité, mes vérités, ma foi, mon intimité voudraient répondre! Pourtant je sais que je manquerais d'étayage philosophique et qu'un exemple ne permet pas de construire une généralité.



Alors je vais juste déplorer que l'auteur a peu utilisé d'auteurs d'une religion ( et non juste croyants). Je crois que j'aurais trouvé plus d'équilibre pour accepter la thèse de la foi non nécessairement liée à la religion. Cependant nous avons tous observé des pratiquants qui n'avaient pas la foi, et des personnes qui avaient la foi non pratiquantes, ce qui permet bien de les décorréler, et c'est finalement l'étayage philosophique de cette réalité qui me semble un peu plus expliqué.

Je ne sais pas si l'auteur a rencontré beaucoup de personnes vivant leur foi en respectant une religion, non pas par soumission aux rites et aux institutions religieuses, mais en ayant rallié cette religion par la foi et la raison. Et le fait que je me suis souvent posée la question montre bien que certains propos me semblaient subjectifs... comme l'est aussi le choix de certains écrivains qu'un auteur cite. Mais les thèses de Jonas et Kierkegaard évoquées m'interpellent dans leur analyse, car il n'est jamais mentionné le libre-arbitre et l'abandon que défend la foi catholique (ou le dogme pour rester dans l'esprit du livre).





J'en ai retenu une analyse fine des arguments des athées, une maîtrise des auteurs ne se rattachant pas à une religion monothéiste qui ont permis de questionner la foi et la religion, une observation que l'Homme a besoin de spirituel, que la raison n'est pas universelle. J'ai retenu que cet auteur avait eu le courage de réfléchir sans juger, sans asséner des vérités, et en questionnement réellement les choses. J'ai trouvé que ce livre sonnait juste.



Je crois que je le conseillerai pour avoir d'autres avis, pour mieux comprendre, pour discuter, pour réfléchir à ma propre foi et ma propre vision de la laïcité, de la démocratie et de l'Homme.
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Dieu sans religion : Foi et démocratie

Un livre censé, sans jugement, qui pose intellectuellement la question de la religion dans un monde qui se veut laïque.

C'est très bien réfléchi, bien expliqué, mais malheureusement je n'ai pas réussi à entrer dedans. Je n'accuse personne si ce n'est moi-même, parce que finalement pas tant envie que cela d'entendre parler de religion quand je me bats avec ma propre foi depuis des années et que je trouve mon comportement de plus en plus paradoxal, quand seulement quelques mois après les attentats j'aimerais pouvoir oublier qu'on puisse faire ce qui a été fait au nom de Dieu ou de je ne sais quelle entité pour laquelle on est capable de tout...

Je pensais vraiment m'intéresser au sujet, c'est pour cela que j'avais choisi ce livre, mais je me rends compte qu'il va falloir attendre encore un peu avant de le relire à tête reposée, et pouvoir enfin retirer tous les bienfaits de cette étude.
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Dieu sans religion : Foi et démocratie

C'est un ouvrage pertinent, fort utile à lire, et de plus accessible. En 120 pages, l'auteur déploie sa pensée de manière construite et maîtrisée, en abordant dans un premier temps l'athéisme, puis les limites de la raison dans un second temps et enfin une certaine vision de la notion de foi. La lecture de ce livre permet une salutaire mise au point sur de nombreux concepts et notions évoqués malheureusement trop souvent à tort et à travers dans le champ médiatique et dans les conversations passionnées. C'est un pas de côté, c'est le temps de la réflexion, le temps de penser posément les vertiges religieux et les faiblesses démocratiques. Reposer la question religieuse... Avec un sujet éminemment délicat, il faut souligner la prudence de l'auteur et les nombreuses références dont il s'entoure pour avancer dans sa réflexion. Cet essai est une façon de ne pas s'apitoyer sur notre sort et de travailler au "vivre ensemble", avec sérénité et... foi? Une lecture que j'ai, à titre personnel, très appréciée.
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