Citations de Thierry Vincent (II) (18)
Les choses ont évolué. La position" molle" qu'autorisait la laïcité [...] s'est vue débordée en grande partie par l'arrivée de sujets qui n'étaient en rien les héritiers du combat pour la laïcité. Pardaoxalement, ce débordement a été facilité par la revendication inhérente à l'avancement des sociétés démocratiques elles-mêmes: une revendication individualiste et égotiste écartant ou négligeant les valeurs (ou contraintes) de solidarité sociale et historique.
Le « sens de réalité » inaugure pour la psychanalyse non plus la venue du sujet au monde, mais l’advenue du monde au sujet.
Le rêve d’un petit enfant est évidemment une objection de choix à la théorie freudienne de fantasmes bâtis sur des souvenirs, et un argument supplémentaire en faveur de la thèse d’un inconscient phylogénétique.
L'homme contemporain se retrouve soumis à l'apogée d'une fétichisation de la marchandise, pour parler comme Marx, dans laquelle il est devenu à son tour la première des marchandises. C'est là une conséquence de l'essor d'un capitalisme redevable à l'affranchissement religieux du monde occidental.
Pour [Ferenczi], la pensée elle-même n’est rien d’autre que cette relation symbolique, cette façon de maintenir ensemble « l’intérieur » et « l’extérieur », et où toute connaissance est d’abord reconnaissance.
La psychanalyse sans fondement clinique n’est rien d’autre qu’une idéologie, parce qu’elle a d’abord été conçue comme une cure, c’est-à-dire un mode de traitement. L’effet thérapeutique que l’on doit exiger de la psychanalyse n’implique pas pourtant que celle-ci emprunte son cheminement et ses méthodes à la science médicale, dont il est fondamental qu’elle reste distincte, même si elle est pratiquée par des médecins ; c’est d’ailleurs la question du transfert, « l’un des grands axes de ce travail », qui marque les limites de ces deux domaines.
C’est la régression libidinale qui va désormais pouvoir rendre compte de la succession chez un même sujet de tableaux cliniques divers […].
L’hallucinose […] c’est le socle qui attend la statue.
[La psychologie neurologique stipule que] l’organisation des idées serait identique à celle des neurones parce que l’idée n’a pas d’autre substrat que le neurone.
Certes, Foi et Raison ont quelque chose d'inconciliable et d'irréductible mais le paradoxe humain est de vivre avec ces deux vecteurs et de s'inscrire dans ce paradoxe, d'y puiser la possibilité du désir. [...] La foi seule, est folie, sectarisme et annihilation, la raison isolée, est pauvreté subjective et soumission à la relation d'objet et d'usage.
La prétendue absence de transfert dans la psychose précipite l’avènement de la psychologie génétique […]. La psychose, dans la résistance à la psychanalyse qu’elle provoque, lui fait produire un savoir édifié sur l’élision du transfert.
A cette époque [du stade pré-oedipien], […] vérifier la théorie libidinale, c’est vérifier la justesse de la psychanalyse elle-même.
Le traitement consiste à rompre la fascination [des figures imaginaires archaïques et collectives] en en brisant l’apparente singularité […]. […] Jung insiste sur la nécessité de s’attaquer aux fascinations provoquées par les archétypes en faisant percevoir au malade que les illusions délirantes dont il se pare ne sont que la résurgence à travers lui des grands mythes de la civilisation, façon, après tout, de lutter contre l’infatuation par un travail de symbolisation.
Il y a chez Jung l’exigence accrue d’une construction psychique, d’un sens à donner à l’existence de chacun que la connaissance et l’étude des mythes et des religions humaines doivent parfaire. Le thérapeute, pour lui, doit avant tout être un homme de grand savoir et de grande connaissance.
Pour [Jung], le monde auto-érotique recelé par les psychoses n’est rien d’autre qu’une protection contre la réalité. […] L’autoérotisme est une défense et, face aux interrogations de Freud sur la projection, il oppose ce qu’il nomme « l’évacuation du complexe ».
Ce sont les niveaux d’énergie qui sont responsables de la maladie, maladie dont l’intensité est proportionnelle à la désorganisation de la vie psychique et à la production d’un système symbolique qui aurait dû être réprimé.
[Le psychanalyste] est condamné, dans sa fonction même, à être pris pour un autre.
Freud a inventé et conçu la psychanalyse à partir de la clinique de l’hystérie, dont il a fait le modèle de la névrose. La névrose obsessionnelle, la névrose phobique, voire les névroses dites « actuelles » (traumatiques et d’angoisse) ont été étudiées à partir de ce que révélait l’hystérie : le refoulement, l’inconscient, les mécanismes de défense, le transfert… De la même manière, toute la psychopathologie de la vie quotidienne (le rêve, le lapsus, les traits d’esprit, etc.) a été conçue à partir de ce modèle.