AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Unvola


Les bourreaux n'ont jamais souhaité que l'on sache ce qu'il advenait de leurs victimes non par mauvaise conscience, mais pour punir aussi les proches du "coupable" en les laissant dans l'incertitude du sort réservé. A leur chagrin s'ajoutait alors le doute d'un vain espoir, ennemi du deuil. Dans l'URSS de Staline, par exemple, la condamnation sans droit de correspondance signifiait la mort, sans le dire. Il n'existe pas de sépulture des disparus, quelques croix parfois se dressent dans l'univers glacé et désertique de Sibérie, mais elles restent rares. La fosse commune a été le lot des condamnés. Des centaines d'entre elles ont souvent été découvertes par hasard, après la chute du communisme, à la faveur de travaux de terrassement, d'urbanisation, d'aménagement. Sans possibilité d'identification, ces morts demeurent anonymes pour l'éternité. Le nombre est un autre empêchement de la mémoire. Répétons-le, nulle autre cause ou idéologie dans l'histoire, que le communisme, n'a provoqué autant de morts en un temps si court, sur une si grande surface du globe. La pléthore et la dispersion du crime nuisent à sa reconnaissance, cela dépasse l'entendement et complique le travail de mémoire. L'esprit humain est dans l'incapacité de concevoir ce que peuvent représenter concrètement des dizaines de millions de morts. Le nombre devient une abstraction, les victimes perdent chair, corps et âme, leur caractère d'humains se dissout dans la multitude. Paradoxalement, l'ampleur du crime est le meilleur fourrier de l'amnésie communiste.
La diversité des victimes est un autre obstacle au deuil. Ce n'est ni l'appartenance à une race ou à une ethnie particulière, ni l'identification à une catégorie sociale déterminée, à une classe d'âge précise, à un niveau culturel donné, à une malformation physique ou mentale, ni une affaire d'opinion ou encore une question de moeurs, qui expliquent le crime communiste. C'est tout cela à la fois, plus d'autres critères encore.
(...) L'universalité de la victime est une nouvelle abstraction, et un nouvel embarras pour concevoir la singularité du crime communiste. La multiplicité des méthodes d'extermination nuit encore à la qualification du délit. Entre les déportations, les exécutions, les tortures, les famines, la mort a pris plusieurs visages.
(Pages 1000 et 1001)
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}