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Citation de rkhettaoui


La peur et la violence éclatent au fond de son ventre comme une grosse bulle, et elle ne peut s’en détacher. Trois, quatre, peut-être cinq hommes ont suivi, ils sont là, dehors, elle les voit par intermittence lorsque leurs silhouettes passent dans l’encadrement de la porte restée grande ouverte, ils ont l’air de courir sur place, mais c’est parce qu’ils donnent de formidables coups de pied dans la forme à terre, recroquevillée, sombre, qui ne bouge plus, mais tressaute et se déforme comme un sac de grains, sauf que c’est un sac de viande et d’os qui se brisent, avec le bruit d’un poulet qu’on désosse, un sac de chairs qui explosent et viennent teindre de sang la surface de la peau, les vêtements, comme des étoiles de feu d’artifice, oh, mon Dieu, ils vont le tuer pense-t-elle, et elle se souvient du téléphone, on entend des chocs sourds et des craquements, des insultes encore et encore, et les quatre hommes, peut-être cinq, s’arrêtent à présent parfois, les poings sur les hanches, penchés vers le sol, reprenant leur souffle, épuisant leur haine, chassant la sueur de leurs yeux, devant la forme à terre qui se traîne, sac encore tremblant de vie gémissante, les deux bras autour de la tête, rampant comme un ver dans sa douleur nue, ils vont le tuer pense-t-elle, mais elle n’arrive toujours pas à faire le numéro, figée par la bulle de peur et de violence qui a éclaté dans son ventre, fascinée par sa propre lâcheté, jusqu’à ce qu’elle voie Toni qui se campe dans l’encadrement de la porte et qui crie « Police ! » en brandissant le téléphone du bar, sans que l’on sache bien si c’est pour que cela finisse enfin, ou pour leur laisser le temps de disparaître.
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