La rue Nicolo est noire de monde. Des centaines de manifestants s'agglutinent jusque dans les garages de l'immeuble en face. Elle est hypnotisée par les pancartes qu'ils brandissent fièrement. Elle les lit toutes, toutes celles qui sont dans son champ de vision.
SI TU AIMES TES ENFANTS, NE LES METS PAS AU MONDE : C'EST UNE POUBELLE
FAITES L'AMOUR SI VOUS VOULEZ, MAIS PAS DE BÉBÉ, C'EST MAUVAIS POUR LA PLANÈTE
UN ENFANT ÇA VA, TROIS ENFANTS, BONJOUR LES DÉGÂTS
ARRETEZ DE BAISER SI VOUS POUVEZ PAS VOUS CONTRÔLER
VOUS POLLUEZ, SI VOUS VOUS ÉTEIGNEZ ON VA PAS VOUS PLEURER
D'instinct, Anaïs Fleurance saisit son bébé dans le berceau et le serre contre sa poitrine, comme si on allait le lui arracher. Réveillé en sursaut, l'enfant se met à pleurer. Elle lui tapote le dos pour essayer de le rassurer. Cette foule de fanatiques en bas lui fait l’effet d'une mêlée de rugbymen qui poussent tous dans le même sens jusqu'à ce que l’adversaire cède.