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Citation de Meygisan


Je sais qui tu es. Tu es de ceux qui, venant de la grande ville, croient que nous, les habitants des arbres, sommes des sauvages, parce que nous ne portons pas de beaux habits et ne possédons pas de belles choses toutes dorées, entassées dans nos demeures. Je vais te dire, poète, regarde nos enfants et compare les avec ceux de Démeter, regarde comme les nôtres rient, comme ils jouent dans un monde pourtant plein de dangers. Prends conscience du lien qui lie ici l'ancienne génération à la présente, et cette présente génération à la nouvelle. Regarde les femmes assises en cercle, préparant la nourriture en plaisantant, en se moquant des travers de leurs maris. Regarde les gamines qui, dès sept ans, s'occupent de la petite dernière, savent la nourrir, la torcher et la protéger. Tu viens d'un monde mourant, alors que le mien est en pleine montée de sève. Mon monde est un monde où la chair, la nourriture et la merde gardent leur place première, s'inscrivant dans le cycle des choses, alors que le tien est un monde froid, un monde de pierre dont les élites tendent toujours vers le plus propre, le plus lisse. Tu viens d'un monde triste où les gens ont aussi peur de vivre que de mourir; moi, j'ai toujours vécu dans un monde où nous avons confiance en notre passé, notre présent et notre avenir, car tous trois sont intimement liés, dessinant un cercle. Je respecte la nourriture que j'ingurgite et ne passe pas ma vie à m'excuser d'avoir à chier pour continuer à vivre; quand tu en seras arrivé à cette compréhension du monde, quand tu auras accepté cela, tu pourras alors me donner des leçons. Parce qu'une chose est sûre, poète, ta merde enrichit bien plus le monde que tes mots.
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