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Citation de Othmane_Mo


La peur, l'instrument du mal qui permet à un état de sombrer dans une dictature tyrannique.

Dans La Revanche des Sith, Palpatine gravit la dernière marche. Dnas une scène devenue mythique, le chancelier qui oeuvre depuis des années à affaiblir la République prononce un discours fleuve devant le sénat de la République galactique.
Padmé assiste, impuissante, à l'instauration légale de l'Empire [du Mal] en raison de la prétendue trahison des Jedi (inventé par Palpatine).

La peur, une fois encore, sert de principal argument. La peur de ceux qui, selon lui, veulent détruire l'idéal républicain et contre lesquels il faut lutter coûte que coûte, pas à pas.

Finement, Palpatine se présente, à l'image d'Hitler, comme le seul capable de garantir le respect des libertés fondamentales, quitte à les mettre un temps entre parenthèses, histoire de garantir d'abord la sécurité.

Écoutons Palpatine devant le Sénat : " Nous défendrons notre idéal par la force des armes."

On croirait entendre Robespierre, qui fut le premier à déclarer que la Révolution devait "dompter par la terreur les ennemis de la liberté" avant de préciser que "le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie". *1

Palpatine n'est pas qu'Hitler, mais aussi la face sombre de l'Amérique, son côté obscur. Si le modèle hitlérien est incontestable pour comprendre l'arrivée au pouvoir du sénateur devenu chancelier puis dictateur, la perversion des valeurs républicaines parle de l'Amérique. (...)

Alors que Palpatine enterre légalement la République devant un Sénat acquis à ses arguments, Padmé Amidala, consciente de ce qui se joue, lance, désabusée :" Et c'est ainsi que s'éteint la liberté sous une pluie d'applaudissements."
C'est certainement cet aspect auquel tient le plus George Lucas. Quand, à Cannes en 2005, il explique que : "L'un des concepts d'origine a été de montrer comment une démocratie se transforme d'elle même en dictature", impossible de ne pas songer aux dérives liberticides alors à l'oeuvre dans l'Amérique de Georges Bush.

On ne mesure pas à quel point les attentats du 11 septembre 2001 ont constitué un traumatisme pour les Américains. A quel point ces attaques ont plongé le pays dans la peur paniqe, dans le sentiment soudain que la sécurité dans laquelle ils pensaient vivre n'était qu'une illusion.

Le 11 septembre 2001, ce ne sont pas que les tours jumelles qui se sont effondrées. Les premiers sondages réalisé quelques jours seulement après les attentats révèlent l'ampleur du chaos qui traverses alors l'opinion publique américaine. Selon le Pew Research Center, 55% des Américains considèrent alors qu'il est nécessaire d'abandonner certaines libertés. pour renforcer la sécurité.

Selon le New York Times, 85% des sondés souhaitent une attaque contre les responsables des attentats même si elle doit coûter la vie d'innocents.
Dans ce contexte anxiogène, le Congrès vote comme un seul homme le "USA Patriot Act" le 26 octobre 2001. Seul un sénateur s'y oppose (...).

Parmi les mesures liberticides, citons les pouvoirs étendus du procureur général désormais autorisé à placer en détention pour une durée potentiellement illimitée des étranges qu'il soupçonnerait d'avoir porté secours à une organisation terroriste. Dans la foulée, un décret présidentiel du 13 novembre 2001 institute des tribunaux militaires convoquées à la discrétion du président des Etats-Unis pour juger l'ensemble des étrangers accusés de terrorisme mais aussi les présumés membres d'organisations terroristes. (...)

Théoriquement, ce décret est illégal, puisqu'il remet en cause un arrêt de la Cour suprême de 1886 limitant ces juridictions d'exception à des militaires. Mais l'administration Bush a défendu son projet en ressortant une vieille décision de la 2GM sur les espions du Reich.

(...) En 2002, une enquête menée par le First Amendement Center révèle que 49% des Américains considèrent que le premier amendement offre trop de libertés. Un an plus tôt, ils n'étaient que 20% à donner la même réponse. Cet amendement est affaibli par le Patriot Act. Cela en dit long sur l'état d'esprit de l'époque et l'emprise de la peur.
Il permet l'écoute téléphonique, lecture des e-mails, relevés des comptes bancaires, etc..

(...)Avec l'affaire Snowden, cela fera scandale. Le président Barack Obama prononce un grand discours pour annoncer des réformes, pour rassurer sur l'utilisation des données. Mais pas question de remettre fondamentalement en cause le travail de la NSA; et pour se justifier, le président agite une fois encore le principe de sécurité et les peurs.

(...) La peur serait donc l'auxiliaire du renoncement aux libertés fondamentales consenti par les sociétés en quête de sécurité. Une justification qui n'est pas née avec la lutte contre le terrorisme. Car oui, Palpatine avait été construit sur le modèle de Richard Nixon, ce dernier avait légitimé ses actes en brandissant la peur du rouge, la chasse aux communistes.

Thomas Snégaroff, Stars Wars, le côté obscur de l'Amérique, p.100-104.
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