Peut-être le désaccord, entre les gens qui voient partout le surnaturel et ceux qui ne le voient nulle part, vient-il simplement de ce qu'on ne s'entend pas sur la signification du mot. Qu'entend-on d'abord par Nature ? Quand on se sera mis d'accord sur une définition précise de ce terme, on pourra avoir une idée non moins précise du mot « surnaturel ». Mais nous en sommes fort loin encore, car la « nature « indique tantôt la force créatrice, tantôt l'ensemble des êtres créés ; tantôt l'ordre établi dans l'univers, tantôt la puissance qui l'a établi et le conserve ; tantôt l'essence d'un être, tantôt ses qualités, et il ne serait pas difficile de trouver encore d'autres acceptions du mot « nature ».
Nous espérons que nos lecteurs trouveront dans la lecture de ce volume, si rempli de faits étranges, un intérêt non moins grand que dans les deux précédents. Si nous avons réussi, par la simple exposition des événements, à inspirer plus d'indulgence dans l'appréciation des temps passés, à faire sentir l'extrême prudence avec laquelle l'esprit humain doit se prononcer lorsqu'il s'agit des phénomènes extraordinaires, nous croirons avoir atteint le but proposé à la conscience d'un historien : rendre l'humanité meilleure et plus sage par l'étude des erreurs passées, de la même façon que l'homme raisonnable progresse en sagesse par l'expérience, jointe au regret des bévues de ses jeunes années.
Si nous nous en tenons au sujet de notre livre, la croyance de nos contemporains aux sorciers, aux magiciens, conséquence de la foi aux génies ou divinités secondaires, de quelque nom qu'on les appelle, peut légitimement se rattacher aux croyances de leurs aïeux divers.
L'histoire de la Magie en France, malgré l'intérêt d'un problème toujours actuel. a suscité jusqu'à présent fort peu d'historiens. Nous n'en connaissons qu'un ; Garinet. Cet écrivain, dans un ouvrage publié en 1818, à tenté un travail d'ensemble sur la destinées de la sorcellerie dans notre pays. Son livre, Histoire de la Magie en France, est de l,avis de tous, bien imcomplet. Comme il se ressent aussi l'esprit de son temps, toujours porté à faire de l' Église catholique le bouc émissaire des péchés du monde, il cherche, malgré l'évidence, à la rendre responsable de la propagation de la magie. Garinet ne peut donc être considéré comme un historien, car la première qualité de l'histoire est l'impartialité.