Tiger Woods

Woods à Augusta



Sans doute le meilleur joueur de golf de tous les temps, mais à quel prix de sa personne où sa propre volonté se discute !



Certains - des journalistes goguenards et peu scrupuleux bien sûr - s'interrogent sur l'état actuel à la fois physique et mental du champion. Il n'y a pas à s'interroger, pour gagner en golf il faut être bien dans sa tête et bien dans son corps. le tigre est cassé de partout à cause d'accidents et le corps a été trop malmené aussi à cause de recherche de la performance à tout prix, ajoutez à cela des piqûres anti-douleurs administrées en dernière minute avant la compétition, s'il arrive à faire un swing à peu près acceptable avec cela, il a bien de la chance.



Quand un champion fait son swing en compétition, il évite de répéter la leçon où il a plusieurs choses à penser en même temps, il se focalise sur un élément seulement, mais Woods a une multitude de choses à penser dont au contraire il aimerait bien de débarrasser avant le combat, mais pour lui plus que les autres, son combat c'est lui-même. La mule désormais - quand il joue - est déjà bien chargée.



On ne s'est pas trop interrogé sur le fait que qu'est-ce qu'il faisait entre deux blessures notre champion ? Ses réponses pouvaient-elles être sincères à ce niveau et dans cette situation ? Quand il y a quelque chose de bizarre dans le comportement d'une célébrité, on apprend en général vingt ans après ce qui manquait à notre compréhension !



Cet athlète n'a eu aucun répit avec son père qui ne voyait en lui qu'une bête à concours. Tout petit déjà pendant que les autres jouaient à la marelle, c'était en effet la bête curieuse, phénoménale qu'il fallait voir en action. Il rafflait déjà des titres quand d'autres mangeaient leurs ongles ! Son père se comportait en tyran avec lui ! C'était carrément un bourreau d'enfant ! Il n'a pas eu de jeunesse. Et quand Woods pére est parti, il s'est mis à commettre des excès qu'il est inutile de ressasser ici, comme s'il voulait goûter aux plaisirs défendus pour rattraper le temps perdu.



Bon, ben tout ça, ça n'arrange pas un golfeur. Quel bookmaker parierait sur lui aujourd'hui au départ d'Augusta ? Oh, il fait encore illusion comme ça, mais il n'est plus que l'ombre de lui-même. Grâce à ses aptitudes inouïes au golf, le seul plaisir dont il jouissait était sa domination outrancière sur les terrains de golf, on le voit encore serrer des poings ravageurs quand il réalisait un coup phénoménal ! Mais vous auriez serré quoi vous avec un tant soit peu d'empathie pour le Tigre. C'était une légende vivante. La planète entière s'arrêtait pour voir les coups de maître du champion ! Qui avant lui avait pris un fer 2 et un fer 4 pour atteindre le green d'un coriace long par 4 à l'Open , contre le vent et contre toute hypothèse, monsieur Tiger Woods svp ! Il poussait les limites du golf entendable et surclassait ses adversaires qui n'étaient pas pourtant des demi-truelles ! Finie la rigolade des pépés sur le court avec un cigare au bec, ventrus comme un cheval ! Les salles de muscu étaient le lot de tous les prétendants à la suprématie mondiale ; la morphologie des joueurs avait changé en à peine une génération , mais dans le biberon de Tiger, il y avait déjà de la tetosterone quand les autres étaient à la blédine !..



Il faut être réaliste et penser que cela appartient au passé désormais, même si on aimerait bien encore le voir gagner.

Un livre qui a - malheureusement - bien vieilli, Tiger n'étant temporairement plus le maître incontesté du golf qu'il fut il y a encore quelques années. Parallèlement, la technique et celle des entraînements a également évolué rendant certains chapitres (sans parler de leurs photos) un peu dépassés.



Mais ce livre concerne néanmoins deux intérêts majeurs : retracer une partie du parcours d'un garçon conditionné pour gagner dès son plus jeune âge et qui a façonné cette culture et cette hargne de la gagne plus que quiconque autre. Mais aussi un grand chapitre sur l'approche mentale de son sport par Tiger, un des maîtres en la matière, qui ravira tous les amateurs dont moi qui pêchent en ce domaine.



Souhaitons que ce mental lui permette un jour de revenir...

La fin d'un mythe



C'est plus dans les causes qui l'ont amené là que les blessures enregistrées de ce spectaculaire accident que je vois la carrière de Tiger Woods s'arrêter là à 45 ans. le cinéma américain pourrait très bien conclure l'histoire de ce phénomène en montrant une roule libre de son monstrueux 4X4 les quatre pattes en l'air rouler de sa rémanence au bout d'embardées et de tonneaux multiples.



Ca fait bien une bonne douzaine d'années que le seigneur des fairways gamberge et se saborde de l'intérieur. Mais reprenons le fil.



La super star du golf mondial a droit aux honneurs dus à son rang : deux Présidents américains et pas des moindres, unis pour une fois, Trump et Obama se sont empressés de lui communiquer leur soutien moral et un prompt rétablissement, mais c'est drôle, ces marques de sympathie résonnent comme la fin d'un règne sans partage depuis 25 ans. Vous pensez bien qu'on n'aurait pas osé lui faire le coup quand il y avait de l'eau dans le gaz chez les Woods, qui mina sa carrière, à cause de week-ends passés un peu trop loin du golf, à la faveur de cette révélation d'une seconde vie avec des call-girls à 25 000 dollars la nuit qui signait déjà une faille dans l'armure de ce Tiger, terreur de la petite balle blanche, celui qui éclipsait tous ses concurrents réduits à des rôles accessoires.



Né d'une mère cambodgienne et d'un père noir américain qui a fait le Vietnam, le petit Tiger a tout de suite été mis sur orbite golf par son père voulant à travers son prodige de rejeton y projeter sa passion. Le meilleur à 5 ans, le meilleur à 12 ans, le meilleur à 15 ans et le meilleur du monde autour des années 2000, jusqu'à menacer le vieux record de l'Ours blanc fort de 18 victoires en grand chelem. Tiger a fait des études à l'université, il en est sorti diplômé...



Mais le pauvre Tiger, dirigé d'une main de fer par un père autoritaire, officier de l'armée américaine, de surcroît coureur, n'a jamais eu d'adolescence, ni de jeunesse. Ses performances étaient prodigieuses, les performances appelaient les performances, elles n'allaient pas toujours avec son dos malmené, et les traitements inévitables qui s'ensuivaient, car si l'argent appelle l'argent, un swing de golf n'a rien de naturel ..



Quand ce père s'en est allé, trop tôt, Tiger a dû mettre le genou à terre pour affronter cette terrible douleur, sachant tout ce qui lui devait, souvenir de toute une vie, de sa vie ..



Pour moi, c'était déjà fini il y a une douzaine d'années, quand il se livrait à la débauche, mais le politiquement correct sans vraiment rien connaître du golf et de ce qu'il impose comme faculté mentale, a voulu y voir un champion qui reviendrait un jour. Ce qu'il fit en partie pour donner raison à son fan-club si nombreux et surtout à ses sponsors, oui parce que ses contrats se comptaient en milliards de dollars : c'était l'athlète le mieux payé au monde.



C'est dans ce contexte qu' on a vu il y a quelques années, à une heure indue, un Tiger sortir titubant de sa voiture immobilisée sur le bord de la route tous feux allumés, menottes aux mains lors d'un contrôle routier. Il était sous l'emprise d'amphétamines, ou que sais-je encore. L'homme était hagard, méconnaissable, avec une barbe de trois jours... Ces images ont fait le tour du monde.



Toutes les dernières années du champion n'ont été que des reprises, arrêts, reprises, arrêts. On le pensait néanmoins assagi, quelque peu sorti de ses problèmes, mais aujourd'hui dans ce sport qui n'arrête pas de progresser, en longueur de drives notamment, il y a des costauds sur le circuit bourrés de testostérones et repus de salles de gym, qui envoient des pastèques à 350 yards. Il a pu se rapprocher du record de Nicklaus en ajoutant à son palmarès un majeur : l'Augusta 2019, le tournoi des maîtres. Comment peut-on y croire désormais avec un dos en compote et une jambe multi-fracturée à un Tiger Woods ressuscité. C'est le sort malheureux de ce champion hors-pair dont il est vain de vouloir finalement le comparer à Nicklaus. Tous les amateurs avisés du golf qui l'ont suivi savent très bien que les époques ne sont pas comparables et qu'une victoire aujourd'hui vaut plus, sans commune mesure avec celles d'antan où même s'il est vrai que des champions exceptionnels en sont sortis, le golf était un sport élitiste. On se prend à regretter que Tiger qui avait encore des choses à prouver sur le circuit régulier et le circuit senior à venir voit sa carrière exceptionnelle s'arrêter de la sorte. Il restera dans les légendes, sur un long et magique par4 par exemple à l'Open, contre le vent, en deux coups de fer droits et phénoménaux, il pliait l'affaire, là où les autres usaient de bois pour tenir la distance...



Verra-t-on Tiger Woods, le Tigre, sortir de l'hôpital en annonçant à la presse qu'il met fin à sa carrière, il est né dedans avec un club dans une main et la petite balle blanche dans l'autre. Je pencherais plutôt pour la version : un club de golf comme béquille et tenter encore une performance, dans un portrait touchant comme il a su nous en faire. Quoiqu'il en soit, tu resteras Tiger le plus grand champion de golf de tous les temps, mets-toi bien ça dans le crâne.