AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ellane92


Au sujet des disparitions de ces années-là, on continue à entendre des histoires qui accélèrent même les battements de cœur. Certaines revues, qu'on peut encore obtenir dans les librairies du vieux Buenos Aires, racontent, avec le langage mi-hypocrite mi-complice d'alors, l'égarement de personnes à bord de leurs voiliers, dans le Rio de la Plata, qui s'en allaient en abandonnant leur embarcation à la dérive. Beaucoup d'entre eux étaient de grands propriétaires, comme le mari perdu de Nora Balmaceda. Avant d'entreprendre l'ultime excursion de leur vie, ils cédaient les terrains et les industries de la famille à des chefs militaires qui avaient été leurs amis et leurs protecteurs. Les plaintes des frères et des épouses lésées s'accumulaient dans les tribunaux de justice, mais aucune n'était recevable faute du corps de l'absent. Là où l'on ne voit rien, il ne s'est rien passé, expliquaient les porte-parole du gouvernement. Les doubles négations, depuis lors si fréquentes dans le parler quotidien, s'emparèrent également du langage journalistique. "Ici, il ne reste rien", "il n'y a personne" étaient des expressions qu'on répétait à la radio et dans les émissions de télévision. On les entend et on les lit encore.
Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}