- Tu sais, je vais avoir du mal à faire ce métier, c'est trop de contraintes.
- T'es un petit nouveau ?
- Je compte juste faire le job pendant six mois, un an, à tout casser.
- On a tous dit ça, mon pote. Mais quand tu tombes dans le taxi parisien, soit tu te dégonfles et tu te barres dans les premiers jours, soit tu y restes toute ta vie. Y a des trucs super dans ce boulot, t'es libre et c'est déjà ça.
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Retour ensuite à la case départ. Et c'est Harlem Désir qui grimpe à son tour. J'ai quelques réticences. Ce monsieur, comme à chaque fois que je le prends dans mon taxi et contrairement à ses camarades, ne me dit ni bonjour, ni s'il vous plait, ni merci, ni au revoir. Le stress de son travail, sans doute...
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Quoi que tu fasses, mon petit, si tu le lances comme il faut, le boomerang finit toujours par revenir dans ta main. Il lui avait expliqué que les voyages du boomerang ressemblent à s'y méprendre à ceux de la vie. Ils partent d'un point précis, font des virées, arrivent au sommet et, après avoir fait demi-tour, ils reviennent au point de départ. Mais parfois, ils atterrissent ailleurs. Selon la bonté du vent et des situations rencontrées, il se peut que l'objet se casse en deux et que le voyage se brise et se termine en plein vol.
Au Moyen-Orient, on ne vit que dans le songe, dans l'espoir et dans l'attente. Les printemps sont des saisons interminables émaillés de tempêtes de violence, de bourrasques de cendres, de vents cassants. Ce ne sont que des houles et des hallebardes. Le seul matin qui chante pour de vrai dans la tête de la femme là-bas, c'est celui des oiseaux du jardin et du coq du poulailler. Le seul monde en couleurs vives qui puisse exister pour elle, c'est lorsqu'un arc-en-ciel lui fait signe à travers la fenêtre de sa chambre. Seulement.
Elle s'acharna longtemps sur ces longues planches de bois vieilli mais solide qui l'empêchaient de faire un pas dehors, s'écorchant les mains et hurlant sa rage. Elle savait que c'était comme donner des coups de pied dans le ventre du vent qui nous vient de face durant les tempêtes.