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Citation de Partemps


Les affirmations de Mallarmé vont plus loin dans le même sens : « Nommer un objet c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de deviner peu à peu: le suggérer... Voilà le rêve... » II faut éviter qu'une interprétation unique ne s'impose aulecteur : l'espace blanc, le jeu typographique, la mise en page du texte poétique contribuent à créer un halo d'indétermination autour du mot, à le charger de suggestions diverses.
Cette fois, l'ouvre est intentionnellement ouverte à la libre réaction du lecteur. Une œuvre qui « suggère » se réalise en se chargeant chaque fois de l'apport émotif et imaginatif de l'interprète. Si toute lecture poétique suppose qu'un monde personnel tend à coïncider fidèlement avec celui du texte, un texte fondé sur le pouvoir de suggestion vise, lui, directement le monde intérieur du lecteur afin qu'en surgissent des réponses neuves, imprévisibles, des résonances mystérieuses. Au delà de ses intentions métaphysiques, de l'origine précieuse ou décadente de ses conceptions, le symbolisme comporte l' « ouverture » de la perception esthétique.
Une grande part de la production littéraire contemporaine est basée sur cette utilisation du symbole comme expression de l'indéfini, ouverte à des réactions et à des interprétations toujours nouvelles Ainsi l'œuvre de Kafka apparaît-elle comme le type même de l'œuvre « ouverte » : procès, château, attente, condamnation, maladie, métamorphose, torture ne doivent pas être pris dans leur signification littérale. Et chez Kafka, contrairement à ce qui se passe dans les constructions allégoriques du Moyen Age, les sens sous-jacents demeurent polyvalents : ils ne sont garantis par aucune encyclopédie, et ne reposent sur aucun ordre du monde. Les interprétations existentialiste, théologique, clinique, psychanalytique des symboles kafkaïens n'épuisent chacune qu'une partie des possibilités de l'œuvre. Celle-ci demeure inépuisable et ouverte parce qu'ambiguë. Elle substitue à un monde ordonné selon des lois universellement reconnues, un monde privé de centres d'orientation, soumis à une perpétuelle remise en question des valeurs et des certitudes.
Une partie de la critique s'attache à considérer la littérature contemporaine comme structurée de symboles même lorsqu'il est difficile de déterminer s'il y a vraiment chez l'auteur une intention symbolique et une tendance à l'indétermination. Dans son livre sur le symbole littéraire, W. Y. Tindall, à travers une analyse des œuvres essentielles de la littérature d'aujourd'hui, cherche à démontrer, théoriquement et expérimentalement, cette affirmation de Paul Valéry : « Il n'y a pas de vrai sens d'un texte. » Tindall va jusqu'à dire qu'une œuvre d'art est un appareil que chacun, l'auteur y compris, peut « utiliser» comme bon lui semble. Ce type de critique envisage donc l'œuvre littéraire comme une continuelle possibilité d'ouvertures, comme une réserve inépuisable de significations. Les travaux sur la structure de la métaphore et sur les divers « types d'ambiguïté » qu'offre le discours poétique, vont dans le même sens 5.
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