Insomniaque
je me lève à l’aube. Que devient ma
vieille nourrice ? Est-ce que je pourrais encore
la retrouver, dans sa pauvre boutique ?
Comment vit-elle, si elle vit ? Et je me hâte vers elle,
une fois encore, le cœur battant.
La voici : elle est vivante ; debout après tant
d’épreuves et de saisons. Un sourire,
quand elle me voit, éclaire encore son visage
beau à mes yeux, mystérieux. C’est l’heure
d’ouvrir pour elle. Accouru pour l’aider
un enfant aux pieds nus, tout imprégné
de sa colline natale, se penche
léger et relève le rideau de fer.
Par cette matinée au ciel rosée et fraîche
sur la terre je la retrouvais bien. Et je suis
à celle d’autrefois. Je suis cet enfant
qui se précipitait vers elle spontanément : image
de moi, d’un moi perdu…