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Citation de psycheinhell


On ne peut atteindre ces gens-là en creusant. Ils n'ont pas de squelette. Les seuls ossements humains dans ce pré seraient ceux des premiers arrivants, et ils n'ont pas été enterrés ici, ils n'ont laissé ni tombes, ni tuiles, ni tessons, ni remparts ni pièces de monnaie derrière eux. S'ils ont fondé un bourg ici, il était fait de ce dont les bois et les champs sont faits, et il a disparu. On peut toujours tendre l'oreille, tous les mots de leur langue ont disparu, disparu jusqu'au dernier. Ils travaillaient l'obsidienne et ceci demeure ; en bas, en bordure de l'aéroport du riche, il y avait un atelier, et l'on peut ramasser des quantités d'éclats, quoique personne n'ait trouvé une pointe terminée depuis des années. Il ne subsiste pas d'autres traces. Ils possédaient leur vallée sans insistance, d'une main souple. Ils marchaient ici d'un pas léger. Tout comme le feront les autres, ceux que je cherche.
La seule façon que je puisse imaginer pour les trouver, la seule archéologie qui risque de convenir est celle-ci : Il faut prendre son enfant ou son petit-enfant dans ses bras, un nouveau-né qui n'a pas encore un an, et descendre dans la folle avoine du champ sous la grange. Se tenir sous le chêne sur la dernière pente de la colline, face au ruisseau. Rester là sans bouger. Qui sait si le bébé ne verra pas quelque chose, n'entendra pas une voix, ne parlera pas à quelqu'un, là-bas, quelqu'un de chez lui.

[Vers une archéologie du futur]
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