Les pupilles d’Isaac croisent les miennes. Le feu qui brûle mes joues s’étend jusqu’à mes entrailles. Je repense inévitablement aux baisers échangés la veille, à la passion qui s’en dégageait. Il humecte délicatement ses lèvres du bout de la langue. Cette simple vision me fait déglutir difficilement.
— Tiens, Isaac ! lance mon grand-père. Comment vas-tu ? Tu m’as l’air un peu fatigué. Tu as passé une bonne soirée ?
Désormais, je suis convaincu qu’il possède un don de voyance. Ses sous-entendus sont trop flagrants pour être ignorés. Il sait pertinemment ce qui s’est passé entre Isaac et moi hier soir.
— Euh... je... répond maladroitement mon collègue.
Pas trop mal, ouais. Pas trop mal ? PAS TROP MAL ? Je lui en foutrais des « pas trop mal », moi.
Mon grand-père affiche une moue moqueuse face à la réponse de son employé. Il se fiche de nous. Isaac, quant à lui, souhaiterait sans doute disparaître de la surface de la terre.
— C’est le marché aujourd’hui, et...
— Oui, Gabin viendra avec toi.
Est-ce que quelqu’un m’a demandé mon avis ?
Mon grand-père semble satisfait par l’idée que je me retrouve seul toute la matinée avec Isaac. Mon changement de bord soudain ne paraît pas le perturber le moins du monde.