Le malheur croît lentement. Il s'attarde en vous, en silence subrepticement. Vous l'entretenez, l'alimentez, lui livrez chaque jour des bouts de vous-même - c'est le chien tenu à l'écart au fond du jardin, qui vous mordra la main si vous le laissez faire. Le malheur prend son temps, mais finit par vous engloutir complètement. Et puis le bonheur - ce mot - n'arrive que quelquefois et toujours comme un brusque changement de météo.
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