Quand il me vise avec l'une de ses armes, le plus souvent, je ne réagis même plus. Daniel jouit d'observer mon visage, de le voir se décomposer. Il guette chacune de mes réactions, comme un chien truffier. Un jour, avec sa carabine à plombs, il me tire dessus. Je ferme les yeux et j'attends privée du moindre réflexe. Je pense vas-y, tue-moi, comme ça tout s'arrêtera. Avant de me reprendre aussitôt : je ne peux abandonner les gamins, les laisser seuls avec lui. Le plomb se perd dans une porte du meuble de la cuisine, juste au-dessus de ma tête. Le trou est assez profond. L'envie d'en finir est si forte, certaines fois, qu'il m'arrive de regarder par la fenêtre en songeant : Si je me jette par là, je tombe chez le voisin, les enfants ne verront rien. Je n'en fais rien. Daniel jure de nous faire la peau de plus en plus souvent. Je dois les protéger coûte que coûte.