Muriel Beyer reçoit Valérie Boronad pour son premier roman drôle, poétique et pour le moins surprenant. A lire absolument !
Je suis parti à la recherche de Paul Auster.
Où était-il dit que les écrivains ne doivent pas chercher à vivre les histoires qu'ils inventent?
L'humour est parfois l'ultime becquée qui vous évite de crever la bouche ouverte quand vous n'êtes plus qu'un oisillon piaillard et affamé.
« Il disait ferme les yeux, petit, ……laisse les mots entrer en toi, laisse simplement les mots couler et je fermais les yeux et je sentais la fraîcheur du soir, les odeurs de jasmin et de magnolia, j’entendais le son de l’orage et le bruits des vagues…il disait vole, petit vole, les mots sont des semences à voler, alors je fermais les yeux et doucement, doucement je m’en allais ».
L'exil lui apprit la littérature et les livres envahirent ses nuits et firent taire les rêves que nourrissaient ses peurs. La littérature fut d'abord un refuge, puis elle devint aussi vaste qu'une terre nouvelle, un pays d'où on ne le chasserait pas et qu'il ne cesserait de parcourir, un territoire neutre à l'abri de la fureur des hommes et de l'horreur de la guerre. Grâce aux livres, il cessa d'être un apatride. Au lieu de cette sensation dévorante, il s'inventa un chez-lui et trouva une forme de paix. Les personnages de papier devinrent ses compagnons, sa famille. A nouveau, il se réveillait au matin pour ouvrir ses volets sur les côtes marocaines. Chaque livre traçait un pan de leur relief ardoise adossé au ciel pâle.
Chaque seconde nous dépouille d'un grain de sable et nous précipite vers la mort. (p.154)
Quand il trancha le ventre du deuxième bar, il s'aperçut que tous ces mots formaient des vers et il s'en étonna simplement, et tout en se penchant en avant pour enfouir ses doigts bien au fond de la panse, il se mit à les écouter qui s'échappaient, émanant d'une intimité qu'il avait ignorée, ferme et grise au fur et à mesure qu'il la libérait, au fur et à mesure qu'il mettait au jour la vaste poche béante sur laquelle il se penchait.
Cécilia était une et indivisible et il adorait cela en elle, lui qui avait été si souvent divisé, séparé de tant de lieux et de tant de gens qu'il lui avait semblé partir en miettes, abandonnant à la dérive des petits bouts de son existence irrémédiablement perdus.
Une ride, c'est beau comme la fatigue d'avoir trop dansé. (p.189)