« Elle n'a pas d'âge, pense Aravni, comme tant de femmes qui ont échoué ici après les massacres. Elles sont vieilles avant d'avoir été jeunes, elles flottent dans leur vie comme dans des vêtements trop grands, chaque jour est un cadeau empoisonné, un piège à souvenirs ; même la fièvre de Marseille, tour de Babel pleine à craquer d'exilés, de voyageurs, d'escrocs et d'aventuriers de toutes les couleurs, ne réussit pas à les distraire de la maladie de leur âme trop pleine du vide de ceux qui manquent.