La société de l'île s'est fondée sur l'argent ; elle n'a pas d'autres valeurs. On risque sa vie pour de l'or et on passe le reste de son temps à le dépenser. Avec cet or, on achète des hommes, des femmes, des bêtes, des objets, des marchandises que l'on consomme en hâte avant de mourir. Il n'existe pas d'autres lois. Voilà ce qui engendre cette sensation de liberté qui donne parfois le tournis. On tue pour gagner, on gagne pour dépenser. Puis on retourne tuer, jusqu'à ce qu'on soit à son tour tué par quelqu'un de plus fort. Les flibustiers qui meurent dans leur lit se comptent sur les doigts d'une main. Et ceux qui meurent riches sont encore moins nombreux. L'or qu'ils ont accumulé est déjà passé dans d'autres mains. La seule éthique de la Tortue est : "Homo homini lupus."