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Sophie Bajard (Traducteur)
EAN : 9782743622251
426 pages
Payot et Rivages (08/06/2011)
3.81/5   101 notes
Résumé :

En 1685, les jours des pirates regroupés dans la confrérie des Frères de la Côte, aux ordres du roi de France, sont comptés. Louis XIV a fait la paix avec son traditionnel ennemi, l’Espagne, et les menées des flibustiers des Caraïbes à partir de l’île de la Tortue (d’où le titre du livre : Tortuga), désormais sous la coupe d’un nouveau gouverneur, ne sont plus les bienvenue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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« Tuez-les ! Tuez-les tous ! » rugit le chevalier de Grammont, dernier grand capitaine de la Flibuste, sur la colline dominant Campeche au Mexique, quelques semaines avant de trouver la mort dans un combat naval épique aux abords de l'Isla de la Vaca. Nous sommes en 1685 et la dernière heure de la piraterie française est sur le point de sonner : Louis XIV et sa Cour se sont lassés des exploits sanglants de la Flibuste et ont décidé d'y mettre définitivement terme. Ce sont les dernières convulsions de ce petit peuple barbare que nous invite à découvrir « Tortuga » par les yeux du portugais Rogério de Campos, enrôlé de force sur le navire pirate « le Neptune » commandé par le capitaine Lorencillo. Il passera ensuite sous les ordres du diabolique chevalier de Grammont et apprendra sous sa férule les terribles lois du monde de la Flibuste, ses souffrances et ses joies sanguinaires. Témoin fasciné et révulsé, il assistera aux dernières aventures des Frères de la Côte et à leur ultime grande entreprise, la prise de Campeche, avant de tout perdre pour l'amour d'une belle esclave noire.

Du sang, des tripes, des viols, des membres amputés, des yeux crevés, d'abominables tortures… Charmant programme, n'est-ce-pas ? Mais nous sommes chez les pirates, pas chez les bisounours comme ne manque pas de nous le rappeler abondamment Valerio Evangelisti. Oubliés le bel Errol Flynn se balançant élégamment de cordage en cordage dans « L'aigle des mers » ou le cocasse Jack Sparrow de « Pirates des Caraïbes » ! Place aux trognes écarlates d'ivrognes, aux brutes vociférantes, au sadisme décomplexé, bref, au flibustier sous son jour le plus noir et le plus sauvage. On ne peut qu'applaudir l'enthousiasme avec lequel Evangelisti rentre dans le lard de l'imaginaire romantique, pulvérisant cliché après cliché avec l'ardeur d'un psychotique armé d'un sabre d'abordage.

Mais bon… le sang et les tripes, c'est très chouette mais ça ne suffit pas à faire un bon roman. Premier point faible de « Tortuga » et non dénué d'importance puisqu'il m'a empêchée de m'immerger complétement dans le récit : un style pas vraiment à la hauteur des ambitions de l'auteur. Non qu'il soit mauvais, mais il manque de relief et de crudité, notamment au niveau des dialogues, presque compassés. Toutes ces brutes sanguinaires parlent comme des livres, sans jamais un écart de langage, ce qui donne parfois au roman un aspect surréaliste, voire involontairement comique. C'est quand même pas la mer à boire d'attendre d'un pirate qu'il sache dire « Merde » de temps en temps !

Autre point faible : l'ami Rogério est un peu chiant. le problème n'est pas tant le manque de sympathie qu'il inspire au lecteur que son manque criant de présence. D'un caractère plutôt sournois et dissimulateur, il lui manque les vices triomphants qui rendent les canailles charismatiques. On se fiche un peu de savoir s'il va survivre ou pas, et encore plus de ses histoires de coeur – assez malsaines en demeurant. Quelques personnages secondaires ont du potentiel, notamment le chevalier de Grammont, mais ne sont assez développés pour pallier à la platitude du héros. Le tout donne un roman d'aventure assez divertissant avec un point de vue original sur l'univers de la piraterie, mais desservi par une plume peu inspirée. Pour les amateurs de la Flibuste à la recherche de plus de profondeur et d'ambition, je conseillerais plutôt l'excellent « Long John Silver » de Bjorn Larsson (je sais, je radote un peu, mais je ne peux pas m'en empêcher…)
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Dans la vaste littérature de pirates, Tortuga se distingue par la volonté de déboulonner le mythe romantique hollywoodien et de rendre toute la noirceur de cet univers, en le remettant dans le contexte historique qui lui a donné naissance. A la barbarie hypocrite des européens avides de guerres et de richesses, qui justifient leurs tueries et la pratique de l'esclavagisme par les arguments bien commodes de la religion, répond la sauvagerie décomplexée des pirates, qui pillent et massacrent pour le plaisir, en une vie cyniquement dédiée à la satisfaction de l'instinct mais non dénuée d'un certain sens de l'honneur et de quelques lois étonnament démocratiques. Beaucoup sont de simples brutes mais quelques uns sont bien plus ambigus, tout particulièrement les quelques personnages arrachés à L Histoire : Raveneau de Lussan et Exquemelin, les deux médecins de bord, Laurens de Graaf et Michel de Grammont, les deux capitaines. Et, bien entendu, Rogério. Rogério qui n'a rien d'un personnage sympathique : sournois, cruel, hypocrite, à la rigueur pathétique mais au fond surtout médiocre, doté des défauts majeurs de son époque mais ne les relevant d'aucune prestance particulière.

Un personnage principal antipathique, c'est un peu à double tranchant. C'est intéressant, en soi comme dans la logique même de l'histoire, cela contribue à le rendre particulièrement humain et ambigu, mais en même temps, on peine un peu à accrocher à ce qui lui arrive, surtout lorsque sa mise en scène, comme ici, ne va pas assez loin, manque un peu de profondeur et de recherche. Et c'est là l'un des deux défauts majeurs que je trouve à ce roman : les éléments intéressants qu'il met en scène, personnages mais aussi discussions philosophiques esquissées avec de Lussan et Exquemelin, ne vont jamais assez loin et restent du coup un brin simplistes, frustrantes par le potentiel non pleinement exploité qu'elles recèlent, alors que les descriptions, elles, finissent par se faire un brin redondantes.
Autre défaut à mon goût : le style. Non que M. Evangelisti écrive mal, mais son écriture manque pour moi de relief, de verdeur, de vigueur, vu le sujet abordé. On a des descriptions assez efficaces, des termes d'époque et de marine bien choisis... mais où est le langage des pirates ? Où sont ces jurons, ces blasphèmes qu'on nous présente comme abominables mais qu'on n'entend jamais ? Malgré les viols, les tortures, les flots de sang et de tripes, le langage reste trop lisse pour vraiment nous plonger dans l'ambiance. Et le fait que le personnage principal soit un ancien jésuite, réfractaire à certaines errances de langage, n'excuse rien : ce qui l'effraie tant, on peut bien l'entendre, nous ! Ou serait-ce que l'auteur manque un peu d'imagination ?

Du coup, j'ai suivi la majeure partie de ce roman avec un intérêt certain - dû surtout à la matière historique que l'auteur utilise et détourne - mais sans grand enthousiasme. Jusqu'aux cent dernières pages. Dernières pages qui, elles, sont dignes d'un très bon roman d'aventure, avec une belle ampleur laissée à de Grammont, ce personnage luciférien de loin le plus fascinant de tous et pour le coup assez romantique, que j'ai adoré. Quant au sort final réservé à Rogério et à la belle esclave noire, je ne vous en dirai rien, mais il est extrêmement bien tourné !
Malgré toutes les critiques que j'ai pu formuler, ce final m'a laissé du livre une impression très positive qui m'entraînerait à en conseiller, malgré tout, la lecture...
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Tortuga est le premier livre de « vraie piraterie » que j'ai eu l'occasion de lire et je dois bien avouer que j'y ai pris un véritable plaisir. Une mise en abîme bien loin du mythe du pirate hollywoodien (nous y reviendrons plus tard) et des films de J. Deep qui ont trop tendance à présenter cette figure haute en couleurs comme le héros romantique libre et coquin des temps modernes.

Ici il est plus souvent question d'assauts sanguinaires, de gorges tranchées et l'odeur du sang est presque perceptible dès la première page du maître italien du roman moderne : Valério Evangelisti :

« Rogério de Campos crut sa dernière heure arrivée. le pont du Rey de Reyes ressemblait au sol d'un abattoir. du sang le maculait et ruisselait de toutes parts, au milieu des mats abattus, des amas de voiles et des enchevêtrements de haubans fracturés. »

L'histoire débute très brutalement en narrant l'ultime aventure des « frères de la Côte » : la principale confrérie de flibustiers des Caraïbes. le frère jésuite Rogiero, suite à l'assaut des pirates, est capturé et va voir son destin changé au milieu de sa « nouvelle famille ».

Intégré de force grâce à sa qualité de maître d'équipage, notre héros va devoir littéralement réapprendre à vivre et fournir un réel effort d'adaptation pour survivre (donc se faire accepter) dans son nouvel environnement en 1685 : année charnière de la flibuste caraïbaine.

Vous allez découvrir que la vie des pirates est très structurée et organisée telle une microsociété : nous sommes bien loin de l'anarchie souvent présumée, les rôles sont bien déterminés, le capitaine est élu parmi ses pairs et peut être destitué suite à un nouveau vote, la vie sur le bateau est extrêmement rude et les haltes sur la terre ferme excessives. Bref personne ne rigole.

Les flibustiers n'ont qu'un seul but : l'or, soit l'enrichissement personnel : » tout ce que nous voulons c'est de l'argent et nous faisons fi de toute règle. Nous nous emparons de tout et vendons de tout, y compris des hommes. Nous sommes le futur et personne ne nous arrêtera « .

Evangelisti, historien de profession utilise de véritables faits et introduit un grand nombre de personnages qui ont bel et bien existé : comme de Cussy, de Graaf et surtout de Grammont ainsi que de Lussan, un des seul pirate écrivain dont les récits représentent la référence historique de cette période.

Amateurs de rhum, de sang, de vocabulaire et tactique maritimes, jetez vous sur ce roman qui mixe habilement fiction et réalité (le contexte diplomatique entre la France et l'Espagne est passionnant).

TLB
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Tortuga... Ou le bouquin "je vous mets deux kilos de tripes ? " ... "ah y en a plus je vous le laisse? "

Pitch:
Le Neptune est en vu, le navire du terrible capitaine Lorencillo, l'abordage est proche, la fin est proche pour le galion espagnol le Rey !
Rogério de Campos jésuite survivant à cet abordage sanglant, se voit enrôler de force par les Frères de la côte .... et heu... bin va falloir survivre...

Ici nous somme dans un roman historique, le roman d'aventure... Mais à la Evangelisti...
Vous avez envie de vous faire un coup de romantisme pirate choubidou ? Passez votre chemin...
vous avez envie de lire un coup de pirate des caraïbes ? Passez votre chemin, même si ça se passe dans les caraïbes...
Evangelisti tord le cou à toute l'iconographie pirate qu'on nous sert depuis des lustres... Et il le fait bien.
Parce qu'ici le pirate est veule, le pirate est violent, le pirate ne s'embarrasse pas de considérations éthique... le pirate est monstrueux, le pirate est glauque... oui.

Evangelisti se sert du contexte historique (les dernières heures de la piraterie du XVIIe siècle), géographique, politique, des noms de pirates qu'on connaît tous, des véritables noms de bateaux (c'est très très documenté comme roman) pour nous écrire une histoire hautement aventuresque, mais hautement sombre, doté d'un fort taux de violence à tous les niveaux.. on a le droit à toutes, du meurtre ( normal) en passant par le viol et la torture ( franchement celle-là, je sais pas si elle a existé un jour, ou si elle sort du cerveau de l'auteur.. mais Tain... elle est encore dans ma tête...).
Oui pas un bouquin pour les cœurs tendres... y a des moments où faut s'accrocher.

D'habitude, enfin souvent, on peut avoir identification avec un des héros, des protagonistes.. là clairement non, ou alors vous avez de sérieux problème mental... ^^
Et ce n'est pas pour ça que le livre n'est pas bon.. oh non...
Ce livre secoue, autant par la question qu'il soulève, comment faire pour survivre, et jusqu'où peut-on aller ? ( notre Rogério il va aller pas mal loin...)

Et la métaphore est magistrale, si énorme, si visible, ces pirates qui ne sont plus que des être à la poursuite de leur moindres désirs, qui ont laissé toute humanité sur le bord de la grève et ce pour une seule raison, l'or... l'enrichissement personnel...
Dites, là, le Evangelisti il parlerait pas d'autre chose que de pirates ?
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Ce dernier m'a été recommandé par nouvelle amie Lizzie avec qui je passe des heures. Heureusement j'avais déjà le livre qui traînait en haut d'une pile. de toute évidence même si on se ne connaît pas depuis longtemps, tu sais les littératures dont j'ai besoin. Mais waouh ! Quelle claque que ce roman ! J'ai vraiment dévoré ce livre sans me focaliser sur les derniers événements de ma vie.

Si vous vous attendez à un roman sur les pirates comme on en voit souvent au cinéma style l'île aux pirates ou pirates de caraïbes : passez votre chemin. Ici on n'est pas dans le stéréotype des pirates et des flibustiers, ici on est dans un vrai roman historique, j'ai pu vérifier les événements tout du long de la lecture avec un second ouvrage : Dictionnaire des pirates et corsaires. Et on doit bien reconnaître que l'auteur a le souci du détail. Il sait rendre authentique son histoire d'un bout à l'autre. Vraiment un beau travail de fond.

L'auteur à une belle plume et les chapitres s'enchaînent assez rapidement. Alors comme je vous l'ai dit si vous vous attendez à un roman avec le jargon pirate que vous voyez dans les nombreux romans, films et séries, vous allez fatalement être déçu. de plus ici fini les gentils pirates, l'auteur nous montre clairement l'envers du décor historique. Donc des pirates sanguinaires, violeurs et esclavagistes. Car il ne faut pas se leurrer à cette époque c'était un monde de violence, mais à notre époque aussi, j'en sais quelque chose et il n'y a pas que moi.

Lors de cette lecture, j'ai résisté à l'appel des Sirènes qui ont essayé de me faire retomber dans leurs filets. Heureusement j'avais remis les différentes clés de mon royaume à mon amie de toujours qui m'aide tous les jours à me reconnecter avec mon moi intérieur. Elle m'a juste dit : Evite ! Laisse tomber !

Ici dans ce roman pas de sirènes, justes une violence exacerbée. Et au milieu de cela un personnage effacé, sans consistance et manipulable qui se retrouve mêler à toute cette violence malgré lui. Je me suis senti proche de ce personnage naïf qui évolue dans un monde sans pitié auquel il ne comprend rien. Jamais il ne se sentira à la place dans ce monde sans pitié, je connais bien ce sentiment de se sentir comme un étranger, une sorte de loup solitaire.

Hélas Rogério se trompe d'un bout à l'autre et arrive ce qu'il doit arriver, il tombe amoureux d'une esclave qu'il veut affranchir pour se marier avec elle. Comme beaucoup d'histoire d'amour à notre époque, c'est une histoire d'amour à sens unique, mais cela, Rogério l'ignore. Il va jusqu'à se faire couper un bras pour être avec sa belle. Mais au final cette dernière ne l'aime pas et ça sera sa propre fin. Des fois il est dur de voir la réalité en face, c'est cela qui sera fatal à Rogério qui à son âme complètement engluée par de fausses idées. Pour ma part j'ai souvent encore l'impression d'être toujours dans un tel état, mais mon amie est toujours là pour me rappeler que tout n'est pas clair dans la vie et qu'on peut vite confondre amour et amitié lorsque le lien est très fort.

S'il y avait une morale à cette histoire, c'est qu'il n'y a pas de place pour l'amour dans le coeur d'un pirate au risque que cela le conduise à sa propre perte.

Au final ce roman est une petite pépite, aux cotés des frères de la côte (flibustiers et non pirates) tel que de Grammont et de de Graffe nous vivons une aventure épique sans retenue. Les scènes de batailles sont décrites avec un tel réalisme que l'on y est plongé d'un bout à l'autre. L'auteur sait vendre son roman à la perfection. Sorti en 2011 alors que mon cancer débutait j'étais passé complètement à côté. La scène de bataille finale était tout simplement à couper le souffle et ça fait raccord avec la partie historique, ce qui rend vraiment ce roman exceptionnel tant le souci du détail est poussé à l'extrême.

Pour la prochaine lecture, je change de registre avec Psychose : plongée dans les abysses du mal absolu qui est au fond de chaque être humain…
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Si le goût de la lecture vous reprend, laissez de côté les histoires plaisantes, les comédies, les poésies amoureuses et licencieuses, les récits édifiants, les traités philosophiques. Ce ne sont que foutaises. Seules les tragédies ont une valeur véritable. On vous y raconte comment les hommes meurent, tuent, voient les autres s'entretuer ou permettent qu'un autre soit tué.
— Alors, selon vous, l'essence de la vie se trouverait dans le mal ?
— Non, dans la mort. Qui n'est ni le bien ni le mal : juste l'inéluctable."
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"J'attends avec impatience l'heure où je verrai pendre cette fripouille, annonça Lorencillo. Aussitôt que les navires seront en bon ordre de marche, nous l'accrocherons tout en haut d'un mât.
— Monsieur, je vous en prie, ne le pendez pas, implora le lieutenant.
— Vous avez raison, c'est trop peu. Mieux vaut appliquer à une telle canaille la punition que Montbars réservait aux Espagnols. On pratique une coupure dans la panse et on extrait un bout de viscères, que l'on cloue ensuite à un pieu. Puis on oblige le prisonnier à courir en cercles autour du pieu, jusqu'à ce que ses boyaux se retrouvent tout entortillés. Je peux vous assurer que c'est un très bon divertissement."
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J'aime les Frères de la Côte précisément parce qu'ils tuent, volent, torturent et violent sans aucune justification éthique. Les Espagnols me sont odieux parce qu'ils agissent de la même façon, mais qu'ils prétendent à chaque fois que Dieu bénit leurs actes.
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Le pont du Rey del Reyes ressemblait au sol d'un abattoir. Du sang le maculait et ruisselait de toutes parts, au milieu des mâts abattus, des amas de voiles et des enchevêtrements de haubans fracturés. Çà et là, quelques mourants gémissaient encore ou invoquaient à grands cris le Christ et la Vierge. Les pirates allaient de corps en corps, tranchant avec froideur la gorge des survivants, même lorsqu'il s'agissait de leurs propres compagnons, trop grièvement blessés pour espérer guérir, puis ils jetaient les cadavres à la mer...
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La société de l'île s'est fondée sur l'argent ; elle n'a pas d'autres valeurs. On risque sa vie pour de l'or et on passe le reste de son temps à le dépenser. Avec cet or, on achète des hommes, des femmes, des bêtes, des objets, des marchandises que l'on consomme en hâte avant de mourir. Il n'existe pas d'autres lois. Voilà ce qui engendre cette sensation de liberté qui donne parfois le tournis. On tue pour gagner, on gagne pour dépenser. Puis on retourne tuer, jusqu'à ce qu'on soit à son tour tué par quelqu'un de plus fort. Les flibustiers qui meurent dans leur lit se comptent sur les doigts d'une main. Et ceux qui meurent riches sont encore moins nombreux. L'or qu'ils ont accumulé est déjà passé dans d'autres mains. La seule éthique de la Tortue est : "Homo homini lupus."
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Il y a bientôt un an, Valerio Evangelisti nous a quitté, à l'âge de 69 ans. Valerio Evangelisti, c'est d'abord une oeuvre. Considerable, essentielle, aussi intelligente qu'engagee. Sensible et radicale. Une oeuvre qui restera, aucun doute. Écrivain protéiforme, Evangelisti est connu de ce côté-ci des Alpes pour son cycle de Nicolas Eymerich, mais son oeuvre est loin de se limiter aux aventures de l'inquisiteur. Afin de poursuivre l'hommage que Bifrost lui a rendu dans son numéro 109, nous vous convions à une discussion avec Mathias Échenay, des éditions La Volte, et Hugues Robert, libraire et collaborateur au Monde des livres. Animation : Erwann Perchoc Illustration : Corinne Billon https://www.belial.fr/revue/bifrost-109 https://lavolte.net/auteurs/valerio-evangelisti/
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