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Citation de Charybde2


Cela fait maintenant des siècles, peut-être des millénaires, que je suis emprisonné entre ces murs de bronze. Je ne sens même plus à quel point ils sont froids. Il me semble que mon corps s’est délité, qu’il est devenu impossible de le distinguer des mètres d’humus, de cailloux et de briques qui me recouvrent et recouvrent ma prison. En théorie, je n’existe plus, et depuis un bon bout de temps.
Et pourtant j’existe encore. J’ai appris depuis longtemps à vivre non seulement dans la matière grossière, mais aussi dans la matière subtile. Dans la première je suis mort, dans la seconde je reste vivant. Mélangé à de la terre, certes, mais avec mon identité propre. Je réussis encore à me projeter dans les rêves d’autrui, à saisir des bribes d’un présent qui m’est étranger à travers les rêves de ceux qui le vivent. Maigre consolation, me direz-vous. Mais, quand on n’a pas d’autre existence, c’est déjà énorme. J’espère juste que Dieu, dans son infinie bonté, mettra tôt ou tard fin à ma conscience terrestre, en ne maintenant plus en activité que mon esprit. J’attends ce moment depuis bientôt sept cents ans. Mais qui suis-je, moi, pour critiquer la justice divine ? Si le Tout Puissant a décidé de faire vivre ce qu’il reste de moi dans une enveloppe de métal, cela signifie qu’il est juste qu’il en soit ainsi. Même si cela me coûte des souffrances telles que l’esprit de ceux qui jouissent d’une existence humaine ne réussiraient même pas à imaginer.
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