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Citation de Charybde2


Béatrice rit, dévoilant une dentition blanche et parfaite que l’on trouvait rarement chez les représentants du peuple.
– Servante, oui, mais aux ordres d’Eleonora d’Arborea, la fille du juge. J’ai entendu certains propos à la cour de ma dame. Oristano ne peut rivaliser avec Palerme, mais la réputation de la capitale la plus riche de la Sicile est arrivée jusqu’à nous.
– Il y a eu ici un siècle de guerre civile contre les Français, jusqu’à la victoire partielle du royaume d’Aragon.
– Oui, mais en Europe continentale la France et l’Angleterre combattent depuis une éternité. Ce qui ne rend pas moins belles Paris ou Londres.
Cette phrase d’une étonnante sagesse paraissait incongrue dans la bouche d’une servante ou même d’une espionne bien renseignée. Les soupçons d’Eymerich sur sa compagne de voyage ne firent que s’accentuer. Il l’observa. Elle faisait moins que les trente-deux ans qu’elle déclarait. Malgré sa peau sombre, elle avait encore des éphélides de gamine sur le nez. Elle était potelée et pas du tout timide. Elle portait des habits simples et une jupe en toile qu’elle tenait serrée contre elle, les bras croisés.
Eymerich se demanda si le moment n’était pas venu de la faire tomber du chariot, au-dessus de la prochaine rivière qu’ils traverseraient. Cela ne faisait aucun doute : vu son poids, elle se noierait. Il retint son geste en se disant qu’il ne pourrait pas discuter avec le paysan qui les conduisait. Béatrice au contraire avait l’air de le comprendre et parlait bien le catalan. La jeune femme s’en tirait bien : Eymerich avait besoin d’un interprète. Mais il s’en débarrasserait à la première occasion, dès qu’elle ne lui serait plus d’aucune utilité.
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