Mourir donne l'impression de courir
dit-elle
on troue un brouillard
on enjambe un mur sans l'effleurer par respect du liseron
on se précipite dans toutes les directions
on croise des silhouettes sorties des vieux livres :
un philosophe
un prophète
un enfant
qui effeuillent la même page
mâchent la même phrase
remâchée par un cheval
puis par un âne qui n'aime pas le cheval
Derrière le dos du philosophe du prophète de l'enfant de l'âne et du cheval
des anges brûlent leurs ailes pour se réchauffer
Mourir ce n'est donc que cela
se dit-elle en tournant les pages de son sommeil
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