C’était Violette. Violette, non plus en image, mais vivante, mince, blonde, adorable. Vingt et un ans, tout au plus. Elle portait une jaquette à ceinture blanche, un turban bleu, une jupe bleue, le tout voilé par un de ces manteaux de pluie transparents que l’on peut plier et fourrer dans sa poche. Des jambes exquises gainées de nylon et de courtes bottes blanches. Elle avait l’air d’une poupée enveloppée de cellophane, une ravissante poupée que Raider aurait gagnée à la loterie.
Ses yeux sont d’un bleu extraordinaire et changent de couleur avec la lumière, des yeux étonnamment vivants, pour tout dire. Quelquefois, ils sont si songeurs et si mélancoliques qu’ils me donnent envie de pleurer. C’est à cela que les anges doivent ressembler, et ils doivent aussi avoir son sourire… Mais, dites-moi ! Il me semble que nous nous engageons dans une conversation intime…
Certaines femmes embellissent en rougissant. Ce fut le cas d’Eva que la vive couleur de ses joues rendit brusquement charmante.
Une femme aussi racée que vous mérite au moins une fine Napoléon.
Cette femme appartenait peut-être à son passé et il ne pouvait la laisser disparaître ainsi sans qu’elle lui donnât la clé du mystère.
J’aime mieux passer ma vie à taper avec un marteau sur des boulons que de me faire peloter là-haut par toute une bande de singes…
La voiture s'arrête dans un virage et la jeune fille se penche vers lui :
– J'aimerais vous dire deux mots, dit-elle.
– D'accord. Vous êtes bien Hildegarde Ederlee?
– Ne faites pas l'idiot. Je suis Mary, dit-elle. Mary Jaine.
Il est permis d’oublier sa propre identité… Mais oublier une femme pareille, ce n’est vraiment pas pardonnable.